par Steven C. Johnson

L'euro progressait vendredi de près de 0,8% aux alentours de 1,3386 dollar, loin de son plus bas de l'année, à 1,19 dollar, un niveau sans précédent depuis 2006.

La monnaie américaine a toutefois repris 7% contre l'euro depuis le 1er janvier principalement en raison de la crise de la dette souveraine européenne.

Il a en revanche perdu 12% de sa valeur contre le yen, à mesure que les taux américains à long terme reculaient, conséquence du climat morose qui entoure l'économie des Etats-Unis.

Sur l'ensemble de l'année, le dollar a gagné environ 1,5% contre un panier constitué des principales devises mondiales.

Les analystes estiment que la fermeté de la croissance économique mondiale, l'amélioration sur le front de l'économie américaine et les craintes qui continuent d'entourer la zone euro seront de nature à soutenir le dollar en 2011.

"Il y a encore de nombreuses incertitudes concernant l'année prochaine, mais les indicateurs américains commencent à s'améliorer et je pense que cela provoquera une hausse du dollar, notamment contre le yen", juge Boris Schlossberg, directeur de recherches chez GFT Forex.

Selon lui, des rendements américains plus élevés et la croissante dépendance du Japon à l'égard de la dette pourraient peser sur le yen, qui a flirté cette année avec les 80 pour un dollar, un niveau sans précédent depuis 1995.

Le repli affiché cette semaine par la devise américaine est attribué par les traders aux volumes assez faibles et à des prises de bénéfices.

Outre son recul contre le dollar, l'euro a perdu 18% face au yen cette année et cette tendance devrait se poursuivre, de l'avis de nombreux experts.

"Il semble que tout le monde estime que la route de la zone euro sera sinueuse au cours des trois prochains mois", commente Gareth Berry, stratégiste d'UBS.

Mais la monnaie qui suscite actuellement l'attention des analystes est le franc suisse qui joue plus que jamais son statut de valeur refuge.

Le dollar a atteint un plus haut record contre le franc suisse à 0,9322, tandis que l'euro s'échangeait à 1,2515 franc.

Pour de nombreux traders, la forme affichée par le franc suisse est liée à la fois à la fragilité de l'économie américaine et aux doutes qui entourent la zone euro.

Si Boris Schlossberg souligne la santé des finances suisses et qualifie la monnaie helvétique de "dernière monnaie crédible" parmi les grandes devises mondiales, il juge que la hausse du franc est exagérée.

"Il n'est pas viable de voir un pays de sept millions d'habitants absorber autant de flux de capitaux en provenance à la fois d'Europe et des Etats-Unis."

Nicolas Delame pour le service français, édité par Cyril Altmeyer