Jamie McGeever, chroniqueur des marchés financiers, vous présente les perspectives des marchés asiatiques pour la journée à venir.

L'inflation japonaise est à l'honneur dans les données économiques asiatiques vendredi, alors que les investisseurs clôturent une semaine éprouvante marquée par l'envolée du dollar américain, la hausse des rendements obligataires mondiaux et l'effondrement des marchés d'actions.

La morosité qui enveloppe les marchés n'aura pas été levée par l'annonce, jeudi en fin de journée, que le promoteur immobilier chinois Evergrande, le plus endetté au monde, s'est placé sous la protection de la loi sur les faillites aux États-Unis.

Alors que le rendement nominal des obligations du Trésor américain à 10 ans est à deux doigts d'atteindre son plus haut niveau depuis 2007 et que le rendement "réel" corrigé de l'inflation est déjà le plus élevé depuis 2009, on a de plus en plus l'impression que le monde des taux d'intérêt et des coûts d'emprunt ultra-bas de l'après-2008 pourrait avoir disparu pour de bon. À tout le moins, les investisseurs sont nerveux et s'efforcent de s'adapter à l'environnement de rendements plus élevés. Une mauvaise vente aux enchères d'obligations d'État japonaises à 20 ans jeudi - l'une des pires depuis des décennies, selon certains analystes - n'a fait qu'accentuer le sentiment d'anxiété.

Les chiffres de vendredi devraient montrer que l'inflation de base des prix à la consommation au Japon a baissé à un taux annuel de 3,1 % en juillet, contre 3,3 % en juin.

La Banque du Japon se trouve dans une situation délicate. Elle hésite à revenir sur sa politique monétaire ultra souple tant qu'elle n'est pas certaine que l'économie est définitivement sortie de la déflation, mais la faiblesse du yen fait craindre que la Banque du Japon ne doive puiser des milliards dans ses réserves de change pour soutenir la monnaie.

Le dollar a atteint 146,50 yens jeudi, et l'euro a dépassé cette semaine les 159,00 yens pour la première fois depuis 2008. La croissance du Japon au deuxième trimestre a pulvérisé les attentes grâce à des exportations en plein essor, mais les chiffres du commerce de juillet suggèrent que ce moteur est déjà en train de s'essouffler. Les exportations ont chuté le mois dernier et, plus important encore, les expéditions vers la Chine ont chuté de 13,4 %. La Banque populaire de Chine insiste sur le fait qu'elle maintiendra des liquidités raisonnablement abondantes et une politique "précise et énergique" pour soutenir l'économie. Toutefois, compte tenu du resserrement des conditions financières dans le monde entier, les investisseurs restent prudents. Le rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans est supérieur à 4,30 %, à quelques encablures de sommets jamais atteints depuis 2007, et le rendement réel à 10 ans, à près de 2,0 %, se situe déjà à des niveaux observés pour la dernière fois en 2009. L'indice du dollar est à son plus haut niveau depuis deux mois et a augmenté de 4 % en un mois.

Les conditions financières dans les marchés émergents n'ont jamais été aussi strictes depuis le début du mois de décembre, selon l'indice des conditions financières dans les pays émergents de Goldman Sachs, et les actifs à risque sont mis à mal.

Les indices MSCI World, Asia ex-Japan et Emerging Market sont tous en baisse sur 11 des 13 dernières séances, et tous trois connaissent leur pire mois depuis septembre de l'année dernière.

Le week-end n'est pas prêt d'arriver.

Voici les principaux développements qui pourraient orienter les marchés vendredi :

- Inflation au Japon (juillet)

- PIB de la Malaisie (T2)

- Malaisie : commerce, ventes au détail (juillet)