(Ajoute Pompeo, département d'Etat américain)

MOSCOU, 1er septembre (Reuters) - Le gouvernement syrien a parfaitement le droit de chasser les "terroristes" de son territoire, a réaffirmé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, alors que Damas se prépare à une offensive contre la région rebelle d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie.

Idlib est le dernier grand bastion de l'insurrection contre le président Bachar al Assad, où se trouvent selon l'Onu environ 10.000 djihadistes.

Mercredi, Sergueï Lavrov avait déclaré que cette région d'Idlib était un "abcès purulent" qui devait disparaître.

Pour éviter des pertes civiles, a-t-il assuré vendredi aux agences de presse Ria et Interfax, des discussions sont en cours au niveau international pour mettre en place des corridors humanitaires afin de permettre l'évacuation de la population, comme l'ont réclamé les Nations unies.

Depuis Washington, le chef de la diplomatie américaine a déclaré sur Twitter que les Etats-Unis considéraient une offensive des forces progouvernementales contre Idlib comme une "escalade d'un conflit déjà dangereux".

Mike Pompeo a aussi critiqué Lavrov de "défendre l'offensive syrienne et russe".

Le gouvernement turc a ajouté à sa liste des organisations terroristes le groupe islamiste Tahrir al Cham, selon le Journal officiel turc de vendredi. Tahrir al Cham, en parti issu du Front Al Nosra, représente la principale force djihadiste dans la province d'Idlib.

A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a demandé à Moscou d'user de son influence sur le gouvernement syrien pour éviter "une catastrophe humanitaire" dans la région, a déclaré sa porte-parole Ulrike Demmer.

Le président russe Vladimir Poutine participera à un sommet avec ses homologues iranien et turc le 7 septembre à Téhéran.

IDLIB, "FOYER DU TERRORISME"

La Russie va par ailleurs mener du 1er au 8 septembre des manoeuvres navales en Méditerranée. Le Kremlin a justifié ces manoeuvres par la situation dans la province d'Idlib, présentée par Moscou comme un "foyer du terrorisme".

Moscou s'est aussi récemment inquiété d'une augmentation des effectifs de l'armée américaine au Proche-Orient, peut-être en prévision d'une attaque contre les forces syriennes.

Le département d'Etat américain a annoncé que le nouvel émissaire pour la Syrie, James Leffrey, effectuerait de samedi à mardi son premier déplacement officiel, avec des visites en Israël, en Jordanie et en Turquie afin de "souligner que les Etats-Unis répondront à toute attaque chimique perpétrée par le régime syrien".

L'ambassadeur de Russie à Washington, Anatoli Antonov, a cette semaine mis en garde les Etats-Unis "contre toute agression illégale et sans fondement contre la Syrie".

Samedi dernier, le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, a accusé les rebelles syriens de préparer une attaque chimique dans la province d'Idlib pour en accuser ensuite le gouvernement de Damas, donnant ainsi un prétexte aux Occidentaux pour frapper les positions de l'armée syrienne.

En visite jeudi à Moscou, le chef de la diplomatie syrienne, Walid al Moualem, a affirmé que son pays ne possédait pas d'arsenal chimique et n'avait de toute façon nul besoin de tels armements.

Après avoir rencontré Sergueï Lavrov, il a souligné que c'était le devoir de l'armée syrienne de reprendre le contrôle d'Idlib, en chassant notamment les islamistes d'Al Nosra, tout en évitant le plus possible les pertes civiles. Les forces gouvernementales "iront jusqu'au bout", a-t-il assuré. (Polina Ivanova, avec Andrea Shalal à Berlin, Dominic Evans à Istanbul, Leslie Wroughton et Yara Bayoumy à Washington; Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)