(Actualisé avec Justin Trudeau, 10e et 11e paragraphes)

RYAD/DUBAI, 8 août (Reuters) - L'Arabie saoudite a fait savoir mercredi qu'il n'y avait pas de place pour une médiation dans le contentieux diplomatique qui l'oppose au Canada, affirmant que ce dernier devait "rectifier son énorme erreur".

"Il n'y a rien à discuter. Une erreur a été commise et cette erreur doit être corrigée", a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al Djoubeïr devant la presse à Ryad.

Le royaume saoudien "examine des mesures supplémentaires" contre le Canada, a poursuivi le ministre sans fournir de précisions sur leur nature.

L'Arabie saoudite a gelé dimanche tout nouvel investissement commercial avec le Canada et a expulsé l'ambassadeur canadien en représailles à la demande du gouvernement d'Ottawa de libérer des militants des droits civiques saoudiens.

Elle a également mis fin à des programmes publics d'éducation et médicaux au Canada, annonçant la décision de transférer des dizaines de milliers d'étudiants et de patients saoudiens vers d'autres pays.

Interrogé sur les militants emprisonnés, Djoubeïr a dit que les accusations portées contre eux seront connues lorsque les affaires arriveront en audience devant la justice.

Les investissements canadiens en Arabie saoudite se poursuivent et ne seront pas affectés par le contentieux, a dit le ministre.

Le Canada envisage de solliciter l'assistance des Emirats arabes unis et de la Grande-Bretagne pour désamorcer la crise, ont indiqué à Reuters des sources informées de la situation.

La banque centrale saoudienne et les fonds de pension saoudiens ont demandé à leurs gestionnaires de portefeuilles à l'étranger de liquider leurs actifs canadiens "quel qu'en soit le coût", rapporte le Financial Times citant des sources anonymes.

Mercredi, Justin Trudeau a réaffirmé qu'il continuerait d'exercer des pressions sur les pays tiers concernant la situation des droits de l'homme. Il a ajouté que la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, avait eu une longue conversation mardi avec son homologue saoudien.

"Les discussions diplomatiques se poursuivent. Mais comme la ministre (Freeland) l'a dit, et comme nous le répéterons, le Canada s'exprimera toujours avec fermeté et clarté, en privé comme en public, sur la question des droits de l'homme", a dit le Premier ministre canadien à Montréal.

La Russie a exprimé son soutien au pouvoir saoudien affirmant qu'il était inacceptable qu'un pays fasse la leçon à un autre sur la question des droits de l'homme.

"Nous avons toujours dit que la politisation de la question des droits de l'homme était inacceptable", a déclaré Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. "Ce dont on a besoin dans cette situation est de conseils constructifs et d'assistance et non de critique d'un 'supérieur moral'", a-t-elle ajouté.

Ce contentieux pourrait affecter les échanges commerciaux entre les deux pays qui demeurent à un niveau modeste de quatre milliards de dollars. Les exportations du Canada vers le royaume saoudien étaient de 1,12 milliard de dollars en 2017, soit 0,2% du total des exportations canadiennes. (Aziz El Yaakoubi, Davide Barbuscia et Allison Lampert; Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français)