LONDRES, 18 décembre (Reuters) - L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair a appelé mercredi les modérés du Parti travailliste à reprendre le contrôle du Labour pour mettre fin au "socialisme quasi révolutionnaire" de son actuel leader Jeremy Corbyn, laminé dans les urnes lors des législatives du 12 décembre.

Ce dernier a proposé une période de réflexion et une bataille s'est engagée pour la direction du parti entre l'aile gauche et les centristes.

"La prise de contrôle du Labour par l'extrême gauche a transformé le parti en mouvement de protestation idéalisé aux allures de culte, totalement incapable de former un gouvernement crédible", a déclaré Tony Blair, vainqueur de trois élections et Premier ministre de 1997 à 2007.

L'ancien chef du gouvernement a également fustigé la position équivoque de Jeremy Corbyn sur le Brexit, une "indécision presque comique" qui a selon lui contribué au pire résultat électoral du Parti travailliste depuis 1935.

"L'absence de décision sur ce qui est à l'évidence la question la plus importante pour le pays a renforcé tous les autres doutes à propos de Jeremy Corbyn", a-t-il estimé dans son discours.

Le Parti travailliste a perdu 59 sièges lors des élections de jeudi dernier et ne compte plus désormais que 203 élus à la Chambre des communes. Le Parti conservateur a raflé 365 sièges, soit une hausse de 47 sièges par rapport aux législatives de 2017, avec 43,6% des voix contre 32,2% au Labour.

Pour le concepteur d'une "troisième voie" sociale-libérale à la tête du Labour dans les années 1990, Jeremy Corbyn a "personnifié politiquement une idée, une marque, de socialisme quasi révolutionnaire, mélangeant une politique économique d'extrême gauche à une profonde hostilité envers la politique étrangère occidentale".

"Cela n'a jamais attiré les électeurs traditionnels du Parti travailliste (...) et représente pour eux un mélange d'idéologie trompeuse et d'incompétence totale que les électeurs ont trouvé insultant", a poursuivi Tony Blair.

"C'est essentiellement un cri de rage contre le système. Ce n'est pas un programme de gouvernement. Pour prendre le pouvoir, il nous faudra de l'autodiscipline, pas de l'auto-indulgence." (Kylie MacLellan et Joanna Taylor version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Henri-Pierre André)