Les perspectives de l'économie genevoise pour 2020 sont robustes, selon les dernières projections de la Banque Cantonale de Genève, qui s'attend à une progression du PIB de 1,5% l'année prochaine, après 1,7% en 2019. Un retour sur la moyenne décennale qui aura lieu sans pressions sur les prix et avec une certaine souplesse, car l'économie du Canton s'appuie sur des thématiques structurelles, qui offrent un effet amortisseur par rapport à des activités plus cycliques, souligne la cheffe-économiste de la banque cantonale, Valérie Lemaigre.

La Suisse garde le cap

Plus généralement, l'économie suisse évolue toujours dans un environnement de taux bas et de franc fort. L'inflation est faible et devrait le rester l'année prochaine, sous l'effet de la contraction des produits importés. La BCGE ne redoute pas la déflation car les sous-jacents domestiques sont sous contrôle.

La BNS conserve une politique monétaire ultra-expansionniste, à l'image de la BCE, tout en poursuivant sa lutte contre l'appréciation du franc. La stratégie devrait rester inchangée cette année, même si la BCGE pense que le franc pourrait temporairement s'affaiblir si le contexte mondial se détend. Un statu quo semble aussi se dessiner sur les taux directeurs.

Cette conjonction de facteurs a un effet positif sur les prix de tous les actifs, ce qui nécessite une sélectivité qualitative accrue. Quant aux risques politiques, s'ils sont "omniprésents", ils ont des effets "essentiellement passagers", souligne Madame Lemaigre.

Une économie genevoise capable d'amortir les chocs

La dynamique de Genève en 2019, supérieure aux projections antérieures de la BCGE, s'est appuyée sur le secteur de la pharmacie et de la chimie, un pan fondamental de l'activité de la Cité de Calvin, et sur l'embellie de l'horlogerie. Mais la vigueur du territoire ne repose pas uniquement sur les industries non-cycliques. La BCGE met aussi en avant la contribution des services aux entreprises, des services immobiliers et de l'hôtellerie. Loin du marasme enregistré ailleurs en Europe, cette dernière a même enregistré un record historique de nuitées sur trois mois, au troisième trimestre 2019, après une progression de 5% en glissement annuel.

Le marché immobilier genevois a pour sa part été caractérisé, durant l'été, par une vive progression des transactions, alimentée par le net accroissement des PPE, qui a plus que compensé la baisse de valeur des transactions de logements individuels. En proportion des mises en chantier, le Résidentiel poursuit sa remontée par rapport au Non-Résidentiel.

Côté emploi, la situation reste favorable. Le léger ralentissement de l'expansion du PIB attendu en 2020 ne devrait plus permettre de réduire le taux de chômage, même si les créations d'emplois seront toujours en territoire positif. La situation de plein emploi sera toujours au rendez-vous dans le Canton, avec un taux de chômage de 4% anticipé l'année prochaine, en légère hausse mais en-deçà des projections d'origine (4,4%).

Les prévisions de la BCGE. En jaune, Genève.

Les entreprises doivent s'approprier les taux négatifs

Dans un tel contexte, comment les entreprises doivent-elles se comporter ? Sans surprise, la BCGE leur recommande de protéger leur compétitivité en s'assurant d'investissements productifs, et de continuer à tirer parti des opportunités de croissance à l'exportation. Le contexte macro-économique, notamment l'environnement de taux, doit aussi pousser les directions financières à bien analyser leur portefeuille de dettes et à gérer aux plus près leurs liquidités afin de neutraliser l'impact des taux négatifs. Plus original, la banque cantonale recommande aussi aux acteurs genevois d'éviter de s'exposer au cryptomonnaies.

Quant aux particuliers, il leur est notamment conseillé, en plus du check-up financier annuel cher à la BCGE, de tirer parti des taux bas pour accélérer l'amortissement de leur prêt hypothécaire mais aussi de diversifier leur patrimoine en évitant une concentration excessive, en particulier une surexposition à l'immobilier.