(Actualisé avec renforts militaires au Brésil)

CUCUTA, Colombie, 8 février (Reuters) - Le président colombien Juan Manuel Santos a annoncé jeudi un durcissement des contrôles à la frontière avec le Venezuela pour endiguer l'afflux de réfugiés, tout en promettant de renforcer l'aide humanitaire aux déplacés qui fuient la crise économique et politique chez son voisin.

Le nombre de Vénézuéliens vivant en Colombie a atteint 550.000 personnes l'an dernier, soit un bond de 62% en un an, ont annoncé les services de l'immigration colombiens.

Un grand nombre de ces réfugiés franchissent la frontière sans aucune ressource et sont contraints à dormir sous des ponts ou sur le pas des maisons.

En visite jeudi dans la ville frontalière de Cucuta, Juan Manuel Santos a promis l'ouverture d'un centre d'accueil avec le soutien des Nations unies et prévenu que tous les Vénézuéliens présents sur le territoire colombien devraient désormais s'enregistrer auprès des autorités.

Il a annoncé dans le même temps que Bogota allait cesser de délivrer des cartes d'accès temporaire, qui permettent à quelque 1,3 million de Vénézuéliens de faire l'aller-retour en Colombie dans la journée pour acheter de la nourriture ou d'autres produits introuvables chez eux.

Pour limiter les passages clandestins, 3.000 agents de sécurité supplémentaires vont être déployés le long de la frontière, dont plus de 2.000 soldats, a ajouté le président colombien.

Le Brésil a annoncé lui aussi jeudi l'envoi de renforts militaires à sa frontière avec le Venezuela. Selon le maire de Boa Vista, dans le nord du pays, quelque 40.000 réfugiés vénézuéliens sont arrivés dans la ville ces derniers mois.

"C'est un drame humanitaire. Les Vénézuéliens sont chassés de leur pays par la faim, le manque de travail et de médicaments", a déclaré ministre brésilien de la Défense, Raul Jungmann, en visite dans la région.

Le Venezuela est plongé dans une grave crise économique qui a été précipitée par la chute des cours du pétrole et aggravée par les violences politiques après la confiscation du pouvoir du Parlement, dominé par l'opposition, par une nouvelle assemblée contrôlée par les partisans du président Nicolas Maduro.

Les négociations entre le pouvoir et l'opposition menées ces dernières semaines à Saint-Domingue ont été interrompues mercredi, quelques heures avant que le Conseil national des élections ne fixe au 22 avril la date de la prochaine élection présidentielle. (Anggy Polanco, avec Luis Jaime Acosta et Nelson Bocanegra à Bogota, Anthony Boadle à Boa Vista (Brésil) Tangi Salaün pour le service français)