Paris (awp/afp) - Le distributeur français Carrefour a estimé mardi s'être bien sorti d'un "environnement difficile" de forte inflation en 2023 et annoncé un nouveau programme de rachat d'actions ainsi qu'une augmentation des dividendes pour preuve de sa "confiance" dans son modèle.

Les ventes du groupe coté au CAC 40 ont progressé de 3,6% à 94,1 milliards d'euros, mais il a enregistré des volumes "négatifs dans (ses) principaux marchés", dans un "contexte d'inflation particulièrement élevée en Europe et en Argentine".

Son bénéfice net ressort en forte hausse en 2023, de plus de 23% à 1,66 milliard d'euros, grâce à la cession de ses dernières activités sur le continent asiatique, à Taïwan. Le groupe a annoncé mardi un résultat net des activités abandonnées (part du Groupe) de 729 millions d'euros, "correspondant principalement à la plus-value" de cette cession annoncée mi-2022 et finalisée l'an dernier.

Sans cette cession, la rentabilité des activités du distributeur ressort en baisse, comme en témoigne un résultat opérationnel en recul.

Une hausse des provisions "liées à des projets de réorganisation" en Europe, ainsi que des "dépréciations" de la valeur d'une centaine de magasins en cours de fermeture au Brésil ont aussi pesé sur ses résultats.

Ces projets de réorganisation interviennent "dans le cadre de la mutualisation européenne", précise le distributeur qui avait annoncé en novembre 2022 des réductions d'effectifs "significatives" mais non détaillées dans chacun de ses sièges européens.

Le PDG du groupe Alexandre Bompard, qui a de nouveau rendu hommage au milliardaire brésilien Abilio Diniz, important actionnaire de Carrefour décédé dimanche, a estimé que le distributeur avait "confirmé la solidité de son modèle" sur l'année écoulée, dans un "contexte d'inflation élevée en Europe".

Le groupe dit s'être "pleinement mobilisé" dans cet environnement "difficile", atteignant "la grande majorité de ses objectifs opérationnels".

Il dit notamment avoir rempli son objectif annuel "d'économies de coûts", supérieur au milliard d'euros.

Dividende et rachats d'actions

Carrefour prévoit le paiement d'un dividende de 0,87 euro par action, "en hausse de 55%", décision qui sera soumise à l'approbation des actionnaires lors de l'assemblée générale programmée le 24 mai prochain.

En outre, il prévoit "un nouveau programme de rachat d'actions de 700 millions d'euros sur 2024", année lors de laquelle il estime qu'il devrait "bénéficier de conditions de marché plus favorables en Europe".

En 2023, le groupe qui a racheté les enseignes Cora et Match ainsi qu'une trentaine de magasins Casino indique avoir versé 481 millions d'euros de dividendes, et dépensé 802 millions d'euros pour racheter ses actions.

Ces mesures sont contestées par les organisations représentatives du personnel, notamment au regard de sa politique de passage de nombreux magasins en location-gérance et en franchise, ce qui consiste à céder la gestion à des tiers (tout en restant en général propriétaire du fonds de commerce).

Fin octobre, la CFDT avait ainsi demandé à Carrefour "qui a dépensé 2 milliards d'euros dans le rachat de ses actions" en moins de trois ans "pour soutenir son cours de Bourse", de revenir sur sa décision de passer 37 magasins en location-gérance en 2024.

Au total, ce sont selon ce syndicat "305 magasins (80 hypers et 225 supermarchés)" qui ont ou vont être "cédés à des repreneurs et plus de 23.000 salariés qui sont sortis des effectifs" de Carrefour en France.

Interpellée le 13 février par le député (Liot) du Nord Benjamin Saint-Huile au sujet de cette politique, la ministre déléguée à la Consommation Olivia Grégoire avait indiqué que "la situation des franchisés Carrefour est bien identifiée et suivie de près par le gouvernement", et que "les services de l'Inspection du travail ont été mobilisés pour vérifier que le droit du travail est strictement respecté".

afp/rp