Buenos Aires (awp/afp) - L'inflation en Argentine s'est établie à 8,8% en avril, quatrième mois continu de décélération sous la présidence ultralibérale de Javier Milei, mais encore à un spectaculaire 289,4 % sur douze mois, et avec les regards désormais tournés vers l'impact de la récession.

L'indice des prix d'avril, publié mardi par l'Institut national de la statistique (Indec), repasse pour la première fois depuis six mois (octobre) sous les 10%. Et poursuit la tendance à la décélération, après 25,5% en décembre, 20,6% en janvier, 13,2% en février, 11% en mars.

En données corrigées, l'inflation de la troisième économie d'Amérique latine atteint tout de même 65% sur les quatre premiers mois de 2024, et 289,4% en interannuel, un taux sans précédent depuis 33 ans.

L'inflation d'avril a été tirée vers le haut par l'eau, l'électricité, le gaz et les carburants notamment, en lien avec l'assèchement graduel des subventions publiques versées de longue date à ces secteurs, dans un objectif de "déficit zéro" budgétaire à fin 2024.

Mais l'impact de la dévaluation de 54% (en décembre), des prix libérés, des subventions taries, la paralysie des chantiers publics, anémie pouvoir d'achat et consommation, et enlise peu à peu l'Argentine dans la récession.

La production industrielle a reculé en mars de 21% sur un an. La construction de 42%. Et la consommation, projette le cabinet Focus Market, a reculé de 20,4% sur an en avril.

L'économie argentine devrait se contracter de 2,8% cette année, selon le Fonds monétaire international, après déjà un recul de 1,6% en 2023.

"Nous sommes en train d'écraser l'inflation", a lancé mardi un Milei triomphant, peu avant l'annonce de l'indice d'avril, que les analystes prévoyaient en-dessous de 10%.

"Les prix augmentent bien, mais pas de manière aussi catastrophique qu'il y a quelques mois. On dirait que ça se stabilise, mais comme les salaires ne suivent pas l'inflation, c'est comme si on ne voyait pas de changement", traduisait pour l'AFP Marilina Gil, employée de supermarché de 46 ans.

Lundi, le FMI a salué "des progrès plus rapides qu'anticipé dans la restauration de la stabilité macroéconomique" en Argentine, et notamment "le premier excédent budgétaire trimestriel en 16 ans". Mais il a aussi souligné le "long et difficile chemin à parcourir", notamment pour "libérer la productivité, l'investissement privé et l'emploi formel".

L'emploi informel en Argentine atteignait 45,3% à fin 2023, la pauvreté 41,7% selon les chiffres officiels, avant même l'impact des mesures d'austérité.

afp/rp