VIENNE (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) pourrait commencer à baisser ses taux dès juin, car l'inflation pourrait diminuer plus vite qu'attendu, mais son action sera contrainte par celle de la Réserve fédérale (Fed), a déclaré mercredi le gouverneur de la banque centrale autrichienne, Robert Holzmann.

"Je n'ai pas avril en tête (pour une baisse de taux). Nous aurons davantage d'informations en juin", déclare le membre du Conseil des gouverneurs de la BCE à Reuters.

"Je ne m'oppose pas, en principe, à une baisse des taux en juin mais je veux d'abord voir les données et je veux rester dépendant aux données", précise le responsable de politique monétaire, considéré par certains observateurs comme le membre le plus conservateur du Conseil de la BCE.

Toutefois, si la Fed ne baisse pas ses taux en juin, la réaction des marchés à l'écart de taux entre les deux banques centrales annulera l'impact d'une baisse des taux de la BCE.

"Si les données plaident pour une baisse en juin, une semaine avant que la Fed ne prenne sa décision, alors il est probable que nous baisserons les taux en espérant que la Fed nous imite. Si ce n'est pas le cas, l'impact économique de notre baisse de taux sera sans doute plus faible", explique le responsable de politique monétaire.

SALAIRES

Le changement de ton de Robert Holzmann tient au ralentissement de l'inflation et à l'affaiblissement de l'économie européenne, le responsable soulignant que les prix des matières premières avaient eu peu d'impact et que les prix des biens diminuaient grâce aux exportations chinoises.

Le gouverneur nuance également les risques sur les salaires. "Les salaires sont bien sûr un risque pour l'inflation, mais nous avons aussi constaté que si le pouvoir de fixation des prix des entreprises diminue, celles-ci doivent se résoudre à des prix plus faibles", souligne Robert Holzmann.

A terme, le gouverneur estime qu'une inflation à 2% et une croissance de la productivité de 1% justifieront des taux à 3%, si toutefois la productivité européenne se reprend.

"Si l'écart de productivité avec les Etats-Unis demeure aussi important qu'actuellement, même un taux de 3% sera trop restrictif", constate le gouverneur.

BANQUES

Alors que les liquidités excédentaires détenues par les banques européennes et placées à la BCE atteignent 3.200 milliards d'euros, Robert Holzmann plaide pour une révision du cadre dans lequel ces réserves sont rémunérées par la BCE.

Avec un taux de 4%, ces réserves de liquidité ont fait basculer les comptes de la banque centrale dans le rouge.

"Que la structure actuelle pèse sur les comptes des banques centrales, ce n'est pas acceptable. Nous ne pouvons pas être indéfiniment en déficit", explique le gouverneur.

La BCE a décidé l'an dernier que 1% des liquidités excédentaires ne seraient pas rémunérées, et Robert Holzmann plaide pour porter cette part entre 5% et 10%.

(Reportage Balazs Koranyi, version française Corentin Chappron, édité par Zhifan Liu)

par Francois Murphy et Balazs Koranyi