* Données sur les prévisions du taux de dépôt de la BCE: lien

* Données sur les prévisions du taux de refinancement de la BCE: lien

* Données des sondages sur le PIB: lien

par Jonathan Cable

LONDRES, 20 octobre (Reuters) - Le cycle de hausse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) est terminé, montre une enquête Reuters auprès de 85 économistes, mais il faudra attendre au moins juillet 2024 pour que l'institution de Francfort commence à assouplir son resserrement monétaire, la lutte contre l'inflation se poursuivant.

La BCE a relevé en septembre ses taux d'intérêt directeurs de 25 points de base, portant le taux de dépôt à 4,00% et le taux de refinancement à 4,50%, mais elle a laissé entendre que cette dixième hausse d'affilée en 14 mois serait probablement l'ultime d'un cycle entamé en juillet 2022.

Parmi les économistes sondés du 12 au 19 octobre, aucun n'a revu à la hausse ses perspectives sur l'évolution des taux, mais le calendrier de la première baisse du coût du crédit est devenu plus incertain.

Selon la prévision médiane des économistes et 58% des économistes interrogés, soit 48 sur 83, la première baisse des taux interviendra au troisième trimestre 2024, ou plus tard dans l'année, et le taux de dépôt devrait être ramené à 3,50% à la fin du mois de septembre 2024.

Dans un enquête réalisée après la réunion de septembre de la BCE, 29 des 70 économistes interrogées avaient déclaré que la première réduction de taux de l'institution aurait lieu au deuxième trimestre 2024, voire avant.

Un peu plus de 40% des personnes sondées dans la dernière enquête, soit 35 sur 83, continuent cependant de penser que la première mesure d'assouplissement monétaire interviendrait avant la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE en juillet.

"Notre modèle suggère qu'une baisse des taux pourrait intervenir plus tôt, mais il faudrait que les données soient plus modérées que ce qui est prévu actuellement. Je pense donc qu'une baisse en septembre 2024 est un point de vue assez équilibré", a déclaré Kristian Toedtmann de DekaBank.

Dans une enquête Reuters distincte, une majorité réduite d'économistes prévoit une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) avant la mi-2024.

RISQUE D'UNE BAISSE DES TAUX PLUS TARD QUE PRÉVU

Priés de dire quel était le risque le plus important dans leurs prévisions, 25 économistes ont répondu que la baisse des taux ait lieu plus tard que prévu, tandis que 19 ont répondu qu'elle intervienne plus tôt qu'anticipé.

"Les données récentes sur l'activité et l'inflation ont été plus faibles que prévu, mais cela n'empêchera pas Christine Lagarde (présidente de la BCE) de s'en tenir fermement à l'idée de taux élevés pour longtemps", note Jack Allen-Reynolds de Capital Economics.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a réaffirmé la semaine dernière que, selon lui, la BCE devrait maintenir son taux directeur à son niveau actuel aussi longtemps que nécessaire.

L'inflation en zone euro est sur une trajectoire descendante mais elle représente encore plus du double de l'objectif de 2,0% de la BCE, au regard du chiffre de 4,3% publié pour septembre.

La tendance au ralentissement de la hausse des prix devrait se poursuivre, mais l'enquête a conclu qu'il faudrait attendre au moins le troisième trimestre 2025 pour que l'inflation revienne au niveau de l'objectif fixé. Elle devrait s'établir en moyenne à 5,6% cette année, puis à 2,7% en 2024 et à 2,1% en 2025.

La flambée récente des cours pétroliers, sur fond notamment de craintes d'une escalade dans le conflit entre Israël et le Hamas, représente cependant une menace pour l'inflation.

Concernant le produit intérieur brut (PIB), la zone euro devrait éviter de justesse une récession, mais on s'attend à ce que l'économie stagne au troisième et au quatrième trimestres sur fond de taux d'intérêt élevés et de hausse des prix qui poussent les consommateurs à restreindre leurs dépenses.

"En ce moment, les choses se dégradent et il est donc très probable que nous révisions tous nos prévisions à la baisse. La zone euro n'a pas grand-chose à offrir en ce moment", a déclaré Melanie Debono de Pantheon Macroeconomics.

Le PIB de l'Allemagne, première économie d'Europe, s'est probablement contracté au troisième trimestre et devrait encore reculer sur le trimestre en cours et le suivant, s'enfonçant très nettement dans une récession technique. La croissance en France, deuxième économie du bloc monétaire, devrait en revanche rester relativement robuste. (Reportage Jonathan Cable; enquêtes par Purujit Arun, Pranoy Krishna et Anitta Sunil; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)