Le tribunal administratif fédéral de Leipzig a autorisé mardi les municipalités allemandes à interdire les véhicules diesel les plus polluants dans les villes du pays, ce qui place le gouvernement et les constructeurs face à l'obligation de trouver des solutions pour les automobilistes susceptibles d'être concernés par cette mesure.

Des organisations écologistes et des associations d'automobilistes mettent la pression sur les constructeurs allemands, dont Volkswagen, pour qu'ils modifient les systèmes d'échappement des vieux diesel, dont les émissions de dioxyde d'azote (NOx) sont accusées de favoriser les maladies respiratoires.

"Je ne veux pas dire là que je l'exclus", a dit le président du directoire de Volkswagen, Mattias Müller, lors d'un rassemblement des constructeurs automobiles allemands à Berlin, avant de tout de même exprimer ses doutes.

Les changements de pièces nécessaires coûteraient entre 1.500 et 7.000 euros par voiture et la mise au point de nouveaux systèmes d'échappement, en incluant la période d'essais, prendrait deux à trois ans, a-t-il dit.

Les véhicules reconfigurés pourraient en outre consommer davantage de carburant et émettre ainsi plus de dioxyde de carbone, ce qui pourrait alourdir le fardeau fiscal de leur propriétaire, a poursuivi Matthias Müller.

Sur les 15 millions de véhicules diesel en circulation en Allemagne, seuls 2,7 millions sont équipés de la dernière technologie de limitation des émissions polluantes Euro-6. Le cabinet Evercore ISI estime que la mise à jour des six millions de véhicules équipés de la norme Euro-5 pourrait coûter jusqu'à 14,5 milliards d'euros.

"Je comparerais les changements de pièces sur un véhicule Euro-5 à une opération à coeur ouvert", a dit Matthias Müller.

Il est hors de question que Volkswagen supporte le fardeau financier de ces modifications alors qu'il doit déjà surmonter les coûts et les amendes liés au scandale de la manipulation des émissions polluantes de ses véhicules diesel, a ajouté le président du directoire du constructeur allemand.

"Nous avons dû payer environ 25 milliards en Amérique, nous ne pouvons pas payer en plus 17 milliards pour des changements de pièces", a dit Matthias Müller. "Ce n'est tout simplement pas possible."

(Andreas Cremer; Bertrand Boucey pour le service français)