Bombay (awp/afp) - La filiale indienne du géant des télécoms Vodafone voit les difficultés s'accumuler, alors qu'elle a demandé vendredi un délai aux autorités avant de payer les licences pour l'usage des fréquences pour son réseau mobile, soutenu dans sa démarche pas ses banques.

Vodafone Idea, coentreprise appartenant au Britannique Vodafone et au conglomérat indien Aditya Birla, fait face depuis plusieurs années à une guerre des prix intenses avec ses deux principaux concurrents, Bharti Airtel et Reliance Jio, qui appartient à l'homme le plus riche d'Asie, Mukesh Ambani.

Le groupe a annoncé vendredi, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes, avoir demandé au ministère des Télécommunications un délai supplémentaire d'un an pour payer ses licences mobiles, pour un montant total de 82,9 milliards de roupies (environ 940 millions d'euros), qu'il doit normalement payer en avril prochain.

Vodafone a justifié cette demande par la guerre des prix et les conditions de marché difficiles, compliquant sa capacité à générer suffisamment de flux de trésorerie.

"Je pense qu'il est raisonnable de dire au gouvernement qu'ils doivent nous accorder une extension le temps que ces difficultés liées aux prix et aux tensions dans l'industrie et le secteur s'éloignent", a expliqué le directeur général du groupe, Ravinder Takkar.

Principaux créanciers du groupe, les banques indiennes ont de leur côté annoncé avoir écrit au ministre des Finances afin d'exprimer leurs craintes de banqueroute que provoqueraient l'incapacité de l'opérateur à assumer ses échéances à leur égard.

La dette totale de Vodafone Idea s'élevait fin mars à 1.860 milliards de roupies (21,06 milliards d'euros).

Le groupe n'a pas réussi à mener à bien sa dernière tentative de levée de fonds de 250 milliards de roupies, en septembre dernier, faisant face à la méfiance des investisseurs.

Le lancement de Reliance Jio en 2016 a profondément secoué le secteur indien des télécoms, pris dans une violente guerre des prix, alors que M. Ambani a promis aux consommateurs un internet peu cher et des appels gratuits.

"Je pense que le principal obstacle est que l'ensemble de l'industrie est sous tension du fait de cette guerre des prix", a estimé pour sa part M. Takkar, rejoignant le point de vue exprimé un peu plus tôt par le patron de Bharti Airtel, Sunil Mittal, pour qui "dire que l'industrie des télécoms est en difficulté est un euphémisme".

Ce dernier a appelé le gouvernement a fixer un prix minimum afin de remédier à la situation.

Mercredi, le groupe a publié une perte nette de 69,85 milliards de roupies (791 millions d'euros) sur le premier trimestre. Son titre a reculé vendredi de 2,5% à la Bourse de Bombay, le groupe ayant perdu un quart de sa valeur sur les six derniers mois.

afp/rp