Deezer va-t-il faire son entrée dans le club très fermé des "licornes", ces sociétés valorisées plus d'un milliard d'euros dont l'un des principaux représentants en France est BlaBlaCar ? Avec l'introduction en Bourse désormais sur les rails, depuis le dépôt annoncé ce matin du document de base auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), le service de streaming pourrait effectivement être valorisé plus de 1 milliard d'euros. En dehors de cette reconnaissance éventuelle, Deezer compte sur les fonds levés sur les marchés pour rivaliser avec ses rivaux Spotify et Apple Music.

"L'introduction en bourse permettra à Deezer de consolider sa position comme un leader mondial indépendant du streaming audio et de proposer notre offre à toujours plus de fans de musique à travers le monde", a ainsi déclaré le directeur général de Deezer, Hans-Holger Albrecht.

Arrivé aux commandes du site français en février dernier, Hans-Holger Albrecht a ciblé trois axes stratégiques de développement que les fonds levés en Bourse devraient lui permettre de suivre : le marketing, la distribution via des partenariats avec des opérateurs télécom ou des fabricants d'équipement audio, et l'amélioration du produit.

Si l'on en croit le document de référence déposé par Deezer, les investissements prévus cette année seront équivalents à ceux de 2014, autour de 2,4 millions d'euros. Mais à moyen terme, au cours des trois prochaines années, Deezer espère "augmenter significativement" ses investissements pour accélérer la croissance organique de son chiffre d'affaires et atteindre un Ebitda positif.

En effet, Deezer n'est toujours pas rentable. En 2014, le groupe a enregistré une perte nette de 27,2 millions d'euros et un Ebitda négatif de 21 millions. En revanche, les revenus avaient augmenté de près de 53% à 141,9 millions d'euros, en croissance de plus de 50% sur un an. En fait, le site de streaming aimerait que l'ensemble de ses marchés suivent la voie ouverte par son activité française.

En effet, l'Hexagone était en 2014 le seul pays où Deezer a enregistré un Ebitda positif, à hauteur de 7 millions d'euros. En terme de revenus, la France est aussi le premier marché du site avec plus de 74 millions d'euros de chiffre d'affaires. Cette passion française est sans doute pour beaucoup dans le choix du groupe de réaliser une IPO sur Euronext Paris, et non sur le Nasdaq américain, indice phare des valeurs technologiques.

En faisant appel aux investisseurs, Deezer espère maintenir son rang dans un secteur en plein essor. En effet, en 2014, les ventes de musique digitale ont dépassé celles de musique physique en valeur à 6,9 milliards de dollars contre 6,8 milliards.

(E.L.L.)


Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Apple Inc.