* Manuel Valls n'évoque pas d'intervention des forces de l'ordre

* Les occupants n'entendent pas partir d'eux-mêmes

* Les partisans du projet réclament l'évacuation du site (Actualisé avec déclarations, précisions)

PARIS/NANTES, 26 janvier (Reuters) - Manuel Valls a confirmé mardi, au lendemain d'une décision de justice autorisant l'expulsion des derniers occupants légaux du site de Notre-Dames-des-Landes (Loire-Atlantique), que le projet d'aéroport se poursuivrait malgré la contestation.

"Ce projet est nécessaire pour des raisons économiques, pour le grand Ouest. Il doit se poursuivre en respectant les procédures, en respectant le cadre défini par l'Union européenne", a déclaré le Premier ministre à l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement.

La justice a autorisé lundi l'expulsion d'opposants historiques à ce projet contesté, en particulier par des militants écologistes, mais sans astreinte financière, ce qui pourrait prolonger pendant des mois l'occupation du site si les autorités n'envoient pas les forces de l'ordre.

Manuel Valls, qui répondait à une question de l'écologiste Cécile Duflot qui l'exhortait à arrêter un projet "inutile", a souligné qu'il y aurait un "rendez-vous" à tenir pour l'automne 2016, sans plus de précisions.

"Ce sera à l'automne, parce que c'est là où toutes les mesures devront être prises pour donner une avancée décisive", a dit le Premier ministre. "Au-delà, et nous le savons tous, cela ne serait pas possible."

Selon plusieurs sources, cette échéance pourrait correspondre à l'échéance des premières procédures d'expropriation, les personnes indemnisées pouvant demander à réintégrer leurs biens faute de réalisation du projet.

D'après Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, la principale association d'opposants au projet, Vinci, concessionnaire du futur aéroport, disposerait également d'une "fenêtre de tir" entre septembre et novembre pour réaliser ses travaux avant l'hibernation des espèces protégées.

FEU VERT JUDICIAIRE

Le juge de l'expropriation du tribunal de grande instance de Nantes, qui a autorisé lundi Aéroports du Grand Ouest (AGO) à solliciter les CRS et gendarmes mobiles à compter du 26 mars pour procéder à l'évacuation des lieux, n'a toutefois pas fixé d'astreinte financière, comme le demandait Vinci.

"Avec ce jugement, on revient au point de départ : c'est à l'Etat de décider s'il veut, oui ou non, procéder à l'évacuation de la zone", résume l'un des avocats des expropriés, Me Etienne Boittin. "Si le juge avait prononcé de lourdes astreintes financières, cela aurait conduit leurs habitants à se faire hara-kiri et à partir d'eux-mêmes."

Bruno Retailleau, nouveau président (LR) de la région Pays de la Loire, a donc sommé le gouvernement de "procéder rapidement au lancement des travaux et à l'évacuation de la ZAD", la "zone d'aménagement différé" rebaptisée en "zone à défendre" par les militants qui l'occupent illégalement.

"Il est illusoire de penser que des travaux éloignés de la ZAD, sur la desserte routière par exemple, ne rencontreront aucune opposition", juge Bruno Retailleau. "Les zadistes sont absolument déterminés, et aucune entreprise privée n'acceptera de travailler sur le chantier s'il reste des poches de contestation."

"PLUSIEURS CENTAINES" DE RENFORTS ATTENDUS

Philippe Grosvalet, président (PS) du conseil départemental de la Loire-Atlantique, demande à François Hollande de "rendre public le calendrier des travaux dans les meilleurs délais".

Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) et les autres partis écologistes ont pour leur part appelé la ministre de l'Environnement Ségolène Royal à "réaffirmer (son) opposition au projet", et ont réitéré leur souhait de faire réaliser au plus vite "une étude sérieuse et objective sur l'optimisation" de l'actuel aéroport de Nantes, au sud de l'agglomération.

Les agriculteurs du collectif COPAIN 44, qui avaient déjà tenté le 9 janvier de bloquer la circulation sur l'un des principaux ponts de Nantes avant d'en être expulsés par les forces de l'ordre, ont d'ores et déjà annoncé mardi leur intention de "mettre tout en oeuvre pour empêcher l'expulsion" de leurs homologues de Notre-Dame-des-Landes.

Les zadistes ont annoncé mardi la venue de "plusieurs centaines de personnes" les 30 et 31 janvier prochain sur la zone du futur aéroport, pour "renforcer" la Zad. (Guillaume Frouin avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)