NANTES, 26 juin (Reuters) - Le "oui" au transfert de l'actuel aéroport de Nantes vers Notre-Dame-des-Landes, au nord de l'agglomération, est arrivé dimanche en tête de la consultation de la population de Loire-Atlantique, selon un bilan provisoire de la préfecture.

Les partisans du projet ont recueilli 60,62% des voix, indiquent ces chiffres provisoires, après dépuillement du vote dans 98 communes sur 212.

Quelque 967.000 électeurs du département étaient appelés à donner leur avis. Un avis "consultatif" selon la loi mais que le chef de l'Etat, François Hollande, et le Premier ministre, Manuel Valls, se sont engagés à suivre.

Les occupants de la "zone d'aménagement différé" (ZAD)réservée à ce projet d'aéroport, qu'ils ont rebaptisée "zone à défendre", ont annoncé avant le scrutin qu'ils ne partiraient pas, quel que soit le résultat de cette consultation inédite.

"L'histoire du bocage de Notre-Dame-des-Landes est avant tout une affaire sensible, faite de rencontres et de solidarités concrètes, de chair, de larmes et de joies innombrables", ont écrit ces "zadistes" dans un communiqué. "Son destin ne peut en aucun cas être soldé froidement par quelques bulletins de vote censés donner la voix d'une majorité abstraite et lointaine."

Pour le gouvernement, toute autre issue qu'une victoire du "oui", qui pourrait d'ailleurs entraîner une révision du projet pour faire passer le futur aéroport de deux à une piste, aurait de lourdes implications.

Le groupe Vinci, dont la filiale Aéroports du Grand Ouest (AGO) a obtenu la concession, entend en effet obtenir des compensations en cas d'abandon du projet.

La convention passée entre l'Etat et AGO en décembre 2010 prévoit le versement d'indemnités au concessionnaire en cas de résiliation du contrat.

Ces indemnités, précise la convention, devront notamment comprendre l'intégralité des dépenses engagées par Vinci, les indemnités que le groupe devra verser à ses prestataires et le manque à gagner pour cause d'abandon du projet.

"Tout cumulé, ça peut faire 15 à 20% du coût de l'infrastructure", avait déclaré en février un spécialiste du droit public des affaires, sous couvert de l'anonymat.

La convention entre l'Etat et AGO évalue le prix de revient de l'aérodrome de Notre-Dames-des-Landes à 408 millions d'euros, toutes dépenses confondues et hors taxe, valeur janvier 2009.

Cela ferait donc, rien que pour Vinci, une indemnité de 60 à 80 millions d'euros. A quoi il faudrait ajouter celles, de moindre importance, à verser aux autres entreprises impliquées. (Guillaume Frouin, édité par Emmanuel Jarry)