Zurich (awp) - Vifor Pharma a annoncé jeudi coup sur coup une nouvelle modération du potentiel commercial pour le Veltassa et le départ en août de son patron Stefan Schulze, après à peine plus d'une année passée à cette fonction. Le directeur général sortant sera remplacé par Abbas Hussain, un ressortissant britannique jouissant d'un parcours professionnel de plus de 30 ans en tant que cadre dirigeant dans le secteur de la santé.

La passation de pouvoir répond, selon Vifor, à des considérations personnelles de M. Schulze.

Ce dernier avait quelques heures auparavant reconnu que l'affaiblissement des critères d'évaluation pour une étude clinique avancée - baptisée Diamond - sur le Veltassa en réduisait fortement le potentiel commercial.

Ce traitement constituait l'essentiel du portefeuille de l'américain Relypsa, acquis en 2016 pour 1,5 milliard de dollars par l'ancienne maison-mère de Vifor, Galenica.

M. Schulze a indiqué en conférence de presse qu'un chiffre d'affaires autour du demi-milliard de francs suisses restait "très réaliste".

Le Veltassa, homologué depuis 2015 aux Etats-Unis dans l'indication contre l'hyperkaliémie, était jusqu'ici volontiers présenté comme un "moteur de ventes" à venir, soit un produit générant plus d'un milliard de francs suisses de recettes annuelles, à la faveur d'une extension d'indication dans le domaine des troubles cardiaques.

C'est précisément cette indication qu'évalue l'étude Diamond, pour laquelle les objectifs ont été revus à la baisse jeudi. Invoquant un risque particulier pour cette catégorie de patients représenté par la pandémie de coronavirus, Vifor a divisé par plus de deux le nombre de patients à recruter.

Critères primaires sacrifiés

Si cette mesure doit permettre d'obtenir plus rapidement des résultats, elle dilue aussi fortement la portée de l'étude. La question de l'amélioration du taux de survie notamment a été radiée des critères primaires d'évaluation.

Le programme ne cherche désormais plus qu'à déterminer si le Veltassa peut éviter une hyperkaliémie chez les patients traités pour une insuffisance cardiaque au moyen d'inhibiteurs du système rénine-angiotensine-aldostérone (RAASi).

JPMorgan souligne dans un commentaire que Vifor se coupe ainsi d'un argument promotionnel de choix contre le Lokelma du concurrent britannico-suédois Astrazeneca. La banque new-yorkaise plafonne ses propres projections commerciales pour le Veltassa à 250 millions à l'horizon 2025.

UBS devise pour sa part ce potentiel à 240 millions et anticipe un sérieux coup de rabot sur le consensus, qui s'articulait jusqu'ici autour de 470 millions.

A titre de comparaison, Vifor a généré l'an dernier un chiffre d'affaires de 1,7 milliard de francs suisses, réalisé essentiellement avec son produit phare contre l'insuffisance en fer Ferinject/Injectafer. Pénalisées par les restrictions sanitaires, les recettes du Veltassa s'était contractées de 10% à moins de 120 millions.

Après avoir déjà abandonné plus de 5% jeudi, la nominative Vifor cédait encore près de 3,0% vendredi à l'approche de la mi-journée, dans un SPI à l'équilibre.

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