Zurich (awp) - Le géant bancaire UBS a poursuivi son redressement au dernier partiel 2016, signant une performance supérieure aux attentes. Cette embellie n'a pas empêché une chute d'environ 50% du bénéfice net annuel. Les activités de gestion de fortune ont particulièrement déçu au quatrième trimestre, avec des marges en recul et des sorties d'argent. L'effort d'économies semble, en revanche, maîtrisé.

Le bénéfice net 2016 a fondu de près de la moitié (-46,8%) sur un an à 3,3 mrd CHF. Ce résultat a été réalisé dans des conditions de marché très difficiles et un climat d'incertitude sur le plan géopolitique, a indiqué UBS vendredi.

"Bien que nous ayons observé une aversion au risque persistante chez nos clients et d'importantes sorties de fonds transfrontalières, nous avons généré plus de 40 mrd CHF d'afflux net d'argent frais dans nos activités de gestion de fortune", a affirmé le directeur général (CEO) Sergio Ermotti, cité dans le communiqué.

L'assemblée générale du 4 mai devra se prononcer sur un dividende ordinaire inchangé de 0,60 CHF par action au titre de 2016. L'année précédente, un dividende extraordinaire de 0,25 CHF par nominative était venu gonfler la rémunération des actionnaires.

La fin d'année s'est caractérisée par une hausse des provisions pour risques juridiques. Un montant de 162 mio CHF a été mis au chaud au quatrième trimestre. A fin décembre, l'ensemble des réserves atteignait 3,16 mrd, contre 2,98 mrd CHF trois mois auparavant.

Le dernier partiel 2016 est venu confirmer le redressement déjà constaté entre juin et septembre. Le produit d'exploitation s'est fixé à 7,00 mrd CHF, en progression de 3,4% sur un an. Les charges ont bénéficié d'un allègement de 5,1% à 6,21 mrd.

Au 31 décembre, le numéro un bancaire helvétique revendiquait des économies nettes de 1,6 mrd CHF, tandis que le coûts de restructuration se sont élevés 372 mio. UBS s'estime en bonne voie pour atteindre ses objectifs d'économies de 2,1 mrd d'ici la fin de l'année.

Le résultat avant impôts a été multiplié par 3,5 à 848 mio CHF, tandis que le bénéfice net s'affiche en recul de 22% à 738 mio. UBS a comptabilisé un crédit d'impôt différé de 166 mio au 4e trimestre, ce qui porte le total pour 2016 à 582 mio.

L'ensemble des indicateurs au quatrième trimestre ont dépassé la moyenne des prévisions des analystes sollicités par AWP.

GESTION DE FORTUNE À LA PEINE

La banque de défaisance mis à part, toutes les unités d'UBS ont été bénéficiaires au 4e trimestre. Les activités de gestion de fortune ont d'ailleurs signé des performances de choix, l'unité dévolue au continent américain (WM Americas) ayant même dégagé un résultat avant impôts de 339 mio CHF, contre seulement 13 mio une année auparavant.

Ce bond est toutefois à relativiser. Il relève d'une baisse des provisions pour litiges, qui se sont élevées à 52 mio USD lors du dernier partiel.

Dans la gestion de fortune, tout n'est pas rose pour autant. Les marges nette et brute de la division Wealth Management (WM) se sont érodées entre septembre et décembre. Cette unité a subi des sorties nettes d'argent de 4,1 mrd CHF, causées par des reflux de 7,4 mrd en provenance des marchés émergents et d'Asie Pacifique.

Cette situation concerne d'ailleurs pratiquement toutes les régions au quatrième trimestre. Les marchés émergents accusent des reflux de 4,5 mrd CHF (-12,2% annualisé) et l'Europe de 0,7 mrd (-0,8%). Sur le continent américain, la décollecte a atteint 1,3 mrd (-0,5%). L'Asie Pacifique est à peine en positif (+0,1 mrd, +0,1%). La Suisse s'en est mieux sortie avec des entrées de 0,8 mrd (+1,8%).

Les reflux sont directement liés à l'échange automatique d'information. La mise en place de ce mécanisme a entraîné des sorties en Asie et aux Etats-Unis, dans le cadre du processus de régularisation d'avoirs non déclarés, a indiqué le directeur général (CEO) Sergio Ermotti, dans une interview à AWP Vidéo.

UBS n'a pas fourni de prévision chiffrée pour 2017. La banque affirme qu'elle continuera à mettre en oeuvre sa stratégie avec discipline, en la positionnant pour atténuer les effets négatifs attendus et pour bénéficier de toute nouvelle amélioration des conditions du marché. Le moral des investisseurs aux Etats-Unis s'améliore peu à peu, assure l'établissement.

Les coûts liés à la restructuration devraient demeurer stables cette année, selon UBS.

A la Bourse suisse, le titre UBS a été pénalisé sur l'ensemble de la séance. La nominative a terminé en forte baisse de 4,5% à 16,25 CHF. L'indice vedette SMI a quant à lui abandonné 0,31%.

La plupart des analystes ont salué une performance solide, mais ne peuvent s'empêcher de pointer du doigt les sorties d'argent et le recul des marges dans la gestion de fortune.

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