Zurich (awp) - Le directeur général (CEO) d'UBS a fait miroiter à ses actionnaires, réunis jeudi en assemblée générale, des hausses de leur rétribution à l'avenir. "Si les coûts légaux et régulatoires diminuent de plus en plus, nous devrions être en mesure de reverser encore plus de capital à vous, les actionnaires, que ce soit sous la forme de dividende ou de rachat d'actions", a affirmé Sergio Ermotti face au parterre.

Ce dernier a validé l'ensemble des propositions du conseil d'administration, même si les objets liés aux rémunérations ont fait grincer quelques dents.

Depuis 2012, la constitution et la restitution de capital aux actionnaires s'élève à près de 15 mrd CHF, affirme le patron de la banque aux trois clés. Quelque 5,5 mrd CHF de fonds propres durs supplémentaires ont été générés, alors que les dividendes versés se montent à 9,7 mrd, malgré des charges et des provisions pour solder les legs du passé à hauteur de 8,7 mrd CHF. A cela s'ajoutent encore 3,9 mrd CHF de coûts externes liés aux cas judiciaires, aux investigations et à la régulation, a indiqué M. Ermotti.

Pour l'exercice 2016, un dividende de 60 centimes par action sera versé, soit 71% du bénéfice net. "Pour la troisième année consécutive, nous avons tenu notre engagement de reverser à nos actionnaires au moins 50% du bénéfice net qui leur est attribuable sous forme de dividende", a rappelé le président du conseil d'administration Axel Weber.

Revenant sur la performance d'UBS au 1er trimestre 2017, publiée la semaine dernière, le CEO Ermotti a réaffirmé sa confiance, même si les éléments externes des dernières années constituent toujours un facteur. "On ne peut donc hélas pas simplement multiplier le résultat trimestriel par quatre", a-t-il observé.

INCERTITUDES ET CRISE DE CONFIANCE

"Nous évoluons dans un contexte de plus grandes incertitudes", a renchéri le président, qualifiant les thèmes de la mondialisation, du libre-échange et de l'immigration centraux, également pour la Suisse. Les incertitudes politiques devraient se poursuivre et pourraient apporter leur lot de surprises cette année, a poursuivi M. Weber.

Toutefois, sur le plan économique on assiste à la première embellie conjoncturelle au niveau mondial depuis de nombreuses années. "Cela est bien sûr très réjouissant, mais ne doit pas nous faire oublier que les problèmes structurels de nos économies ne se résoudront pas ainsi". Nombre d'États sont fortement endettés et s'appuient bien trop sur une politique monétaire extrêmement expansionniste, alors que leurs systèmes sociaux ne sont pas adaptés à l'évolution démographique.

Cette incertitude a un effet sur les marchés et sur les investisseurs, a fait remarquer le président. "Ce qui fait actuellement bouger la population et les marchés, ce n'est plus tant l'économie, mais de plus en plus la politique", un phénomène important pour une banque globale comme UBS. Les conséquences ne peuvent pas encore être évaluées de manière définitive, mais la crise de confiance doit être prise au sérieux.

M. Weber est également revenu sur les critiques récurrentes au sujet de la politique de rémunération dans les grandes banques. Selon lui, la rétribution dans un établissement actif à l'international comme UBS doit être "adaptée au marché, afin de garantir le succès sur le long terme". Il a cependant dit comprendre que les salaires et les bonus puissent faire l'objet de discussions.

Le solide résultat opérationnel d'UBS, mais aussi les difficiles conditions de marché, se sont reflétées dans la part variable de la rémunération du personnel: "Avec un résultat inférieur en comparaison annuelle, la part de bonus a également été réduite". En 2016, celle-ci s'est contractée de 17% pour les collaborateurs d'UBS.

PROPOSITIONS ACCEPTÉES EN BLOC

Malgré quelques grincements de dents lors des votes relatifs à la rémunération des dirigeants, toutes les propositions du conseil ont été validées avec des majorités plus que confortables. Ainsi, les membres de l'organe de surveillance et de la direction ont obtenu décharge pour l'exercice écoulé à 91,63%.

Les actionnaires ont également validé à plus de 99% les comptes et le rapport annuel, ainsi que le versement d'un dividende ordinaire inchangé de 0,60 CHF par action. Seuls le vote consultatif sur les rémunérations, ainsi que ceux sur le total autorisé de la part variable en 2016 et de la somme maximale de la rémunération pour les dirigeants en 2017 ont obtenu moins de 90% de voix favorables.

Les administrateurs ont tous été reconduits dans leurs fonctions pour un nouveau mandat, sous la présidence d'Axel Weber. Julie Richardson fait son entrée au sein du conseil, en remplacement de Joseph Yam qui ne se représentait pas pour "raison personnelle".

A la Bourse suisse, la nominative UBS s'étoffait de 0,4% à 17,32 CHF, dans le sillage du SMI (+0,40%) juste après 15h00.

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