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PARIS (awp/afp) - Une marque "froide", un secteur mis "dans le même sac" que les plateformes de livraison ou accusé par la mairie de Paris de se comporter en "cowboy": François d'Hautefort, le patron de Flink en France, s'explique sur toutes les zones d'ombre qui entourent "les dark stores".

Question: Pourquoi l'image des "dark stores" est-elle aussi mauvaise?

Réponse: "Ce terme est anxiogène. On nous a mis dans le même sac qu'Airbnb, Uber, les trottinettes. Les gens ont peur de ces acteurs qui arrivent avec énormément de moyens et pas toujours de façon très respectueuse. On a une marque froide car elle n'est pas encore bien comprise. On ne met pas des robots, il y a des gens. Par rapport aux plateformes, on offre des contrats".

Q: L'Etat définit désormais vos magasins comme des entrepôts. Où en est le conflit avec la mairie de Paris sur cette question?

R: "Le climat est plus apaisé. Depuis le début, on dit que nous sommes des commerces. On opèrera toujours dans la légalité. J'aimerais avoir la capacité à me projeter légalement à trois mois. Cela fait un mois que je n'ai plus de nouvelles. On n'a pas de contact. La mairie parle beaucoup dans les médias, on est traité de +cowboys+. Mais cela n'a aucune conséquence sur notre fonctionnement. Pour l'instant, on ne peut pas nous forcer à fermer nos magasins. Deux sont concernés par des PV, des astreintes administratives de 250 euros par jour avec un maximum de 25.000 euros. L'ardoise grimpe, on va la contester".

Q: Redoutez-vous des poursuites de l'administration?

R: "Il y a actuellement des allers-retours avec l'administration. Il y aura des choses mineures, pas de poursuites je pense. On a été contrôlé mi-septembre lors d'une descente de l'Urssaf, des douanes, de la police judiciaire, de l'inspection du travail et de l'hygiène dans cinq magasins et au siège. Comme chez un cartel de drogue, on a mis nos salariés dos au mur. Sur 200 personnes contrôlées, sept avaient fourni des faux papiers".

Q: Votre activité va-t-elle devoir évoluer?

R: "Il faut garder notre modèle. Nous demander d'aller cacher des livreurs dans les parkings sous-terrains, c'est hallucinant. Si on casse les +dark stores+, l'activité se reportera sur les plateformes. Uber Eats propose déjà une option +quick commerce+..."

Q: De nombreux riverains se plaignent de nuisances...

R: "L'activité du magasin ne provoque pas plus de nuisances qu'une supérette mais les livreurs s'accumulent devant, c'est vrai. Je peux faire un petit mea culpa. On répond désormais de façon personnalisée à chaque demande. Si les plaintes deviennent récurrentes, on essaye de trouver des solutions. Il faut encore qu'on s'améliore".

Q: Où en est le développement de Flink?

R: "Huit villes sont ouvertes en dehors de Paris. Au 25 octobre, on avait largement battu notre record de ventes mensuelles. On a deux fois plus de commandes et de chiffre d'affaires qu'en avril. Je ne sais pas si on atteindra la rentabilité en 2023 mais certains magasins y sont déjà, dont un en province".

Q: Le rapprochement Getir-Gorillas pourrait créer un mastodonte...

R: "Ca ne m'inquiète pas du tout. Intégrer, c'est compliqué. On l'a très bien fait avec Cajoo. A voir comment ils arrivent à l'exécuter si ça se fait. Avec notre couverture géographique, notre clientèle et notre réputation, nous sommes plutôt confiants".

Q: Comment évolue votre réseau en France?

R: "On opère désormais 23 magasins et on emploie plus de 800 personnes. Avant l'acquisition de Cajoo, environ 600 personnes, on avait 15 magasins dans une seule ville. On était un peu plus de 500. Il y a eu quand même des départs".

Q: Certains pointent les baisses d'effectif avant le début des élections professionnelles le 3 novembre...

R: "On n'a jamais eu l'intention de réduire les effectifs, la volonté de coincer les gens. Pas mal de personnes ont été licenciées en raison des +no show+. La semaine dernière, 48% de salariés planifiés sur un site ne sont pas venus. On a des cas de prud'hommes, pour des raisons disciplinaires, des vols. Je mets au défi n'importe qui de constater un seul licenciement abusif".

Propos recueillis par Colin DRONIOU

cd/jbo/as