(Bien lire 14 que le système sert à refroidir les barres de combustible)

* Radioactivité assez élevée pour rendre quelqu'un malade en 10 heures

* Le gouverneur de Fukushima évoque une "urgence nationale"

* La Corée du Sud demande plus de transparence

par Yoko Kubota et Yuka Obayashi

TOKYO, 20 août (Reuters) - Quelque 300 tonnes d'eau fortement radioactive ont fui de l'un des réservoirs de stockage de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, a annoncé mardi le groupe Tepco, opérateur de la centrale.

Évoquant une "urgence nationale", Yuhei Sato, gouverneur de la préfecture de Fukushima, a convoqué une réunion extraordinaire de responsables de la région. Il a annoncé que les autorités locales surveilleraient la situation très attentivement et prendraient des mesures supplémentaires si nécessaire.

La fuite annoncée mardi, qui est toujours en cours, est contaminée à un point tel qu'une personne se tenant à 50 centimètres recevrait en une heure une radiation cinq fois supérieure au niveau annuel maximum toléré au Japon pour les employés du secteur nucléaire.

Une telle radioactivité rendrait une personne malade après 10 heures, avec des nausées et une chute du nombre des globules blancs.

Tepco a précisé que la fuite n'avait pas de rapport avec une série d'incidents semblables, rapportés au cours des dernières semaines. Après l'avoir nié pendant des mois, l'opérateur a admis en août que de l'eau contaminée s'échappant des réservoirs souterrains s'écoulait dans l'océan Pacifique. ( )

L'autorité de régulation nucléaire japonaise a classé au niveau 1 l'incident sur l'échelle internationale des événements nucléaires. L'accident de Fukushima, survenu le 11 mars 2011 après un séisme et un tsunami, avait été rangé au niveau maximal de 7 sur l'échelle Ines.

C'est la première fois depuis la catastrophe, la plus grave du nucléaire civil après Tchernobyl en 1986, que l'autorité de sûreté nucléaire nippone diffuse une alerte Ines.

Tepco, qui a jugé peu probable que la dernière fuite en date atteigne le Pacifique, situé à 500 mètres, a expliqué que les employés chargés de surveiller les réservoirs d'eau contaminée n'avaient pas remarqué la fuite "à un stade précoce".

SÉOUL VEUT DES EXPLICATIONS

Le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 ont bloqué les systèmes de refroidissement de la centrale de Fukushima-Daiichi, à 240 km au nord-est de Tokyo, ce qui a entraîné la fusion du combustible dans trois des six réacteurs du site et une vaste contamination radioactive aux alentours.

La centrale accidentée a été victime de plusieurs pannes d'électricité et d'autres problèmes au cours des derniers mois, ce qui a conduit de nombreux observateurs extérieurs à douter de la capacité de Tepco à mener les opérations de nettoyage, et à soupçonner l'opérateur de dissimuler l'ampleur des problèmes.

Le gouvernement japonais a annoncé en août qu'il s'impliquerait plus dans les opérations, à la suite de l'admission par Tepco de la fuite d'eaux contaminées dans le Pacifique.

La Corée du Sud a demandé au Japon d'expliquer plus clairement comment il comptait empêcher les eaux contaminées d'atteindre l'océan et les zones de pêche.

"Ils doivent aussi faire en sorte que les informations soient rendues publiques, à travers le monde, étant donné que c'est la première fois dans l'Histoire que les eaux contaminées d'une centrale nucléaire coulent dans l'océan avec cette ampleur", a déclaré le porte-parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères.

Tepco utilise un système de fortune afin de maintenir les barres de combustible à une température suffisamment froide et stable. L'eau utilisée s'écoule ensuite dans des bassins souterrains, qui fuient depuis la catastrophe.

L'excès d'eau hautement contaminée est pompé et entreposé en hauteur dans des réservoirs en acier à l'écart des réacteurs, qui sont situés au bord du Pacifique. Tepco a commencé à installer des réservoirs plus solides, mais la fuite annoncée mardi provient de l'un des précédents modèles, plus fragiles. (Avec Linda Sieg et Kiyoshi Takenaka; Tangi Salaün, Jean-Stéphane Brosse et Julien Dury pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet)