L'extension de l'oléoduc canadien Trans Mountain (TMX) devrait entrer partiellement en service le 1er mai, avec des années de retard et un coût plus de quatre fois supérieur au coût initial, mais avec le potentiel d'affecter les flux de pétrole même en dehors de l'Amérique du Nord.

Le Canada, quatrième producteur mondial de pétrole avec une production de près de 5 millions de barils par jour (bpj), disposera d'une capacité d'exportation plus que suffisante une fois que le TMX, d'une valeur de 34 milliards de dollars canadiens (24,9 milliards de dollars), sera pleinement opérationnel.

L'extension de l'oléoduc permettra d'acheminer 590 000 bpj supplémentaires de l'Alberta vers la côte pacifique du Canada, ce qui donnera aux producteurs canadiens de brut lourd un accès aux marchés de la côte ouest des États-Unis et de l'Asie, et fera grimper les prix de leurs produits.

Voici les principaux problèmes auxquels le projet est confronté.

QUAND LE TMX SERA-T-IL PLEINEMENT OPÉRATIONNEL ?

À partir du 1er mai, le brut transitera à la fois par le TMX et par la ligne existante de Trans Mountain, d'une capacité de 300 000 bpj. Le terminal maritime Westridge du port de Vancouver pourra charger des cargaisons à partir des trois postes d'amarrage, a déclaré un porte-parole.

Toutefois, Trans Mountain ne s'attend pas à ce que le premier navire soit chargé avant la seconde moitié du mois de mai et attend toujours l'autorisation d'ouvrir six autres sections du projet, a déclaré vendredi le régulateur canadien de l'énergie (CER).

OÙ IRA LE BRUT ?

Les cargaisons de TMX devraient être vendues aux raffineurs chinois et californiens, selon les négociants et les analystes.

De nombreuses raffineries chinoises sont équipées pour traiter les bruts lourds acides, mais les courtiers maritimes ont prévenu que le coût du transport du brut vers l'Asie sur des navires Aframax, soit un voyage aller-retour d'environ 18 jours, pourrait limiter la demande.

La Californie possède des raffineries complexes capables de traiter à la fois du brut léger et du brut lourd et se trouve à 2-4 jours de voyage de Vancouver.

QUI SONT LES EXPÉDITEURS ?

Onze expéditeurs se sont engagés à la TMX, représentant 80 % des volumes. Les 20 % restants de la capacité seront disponibles pour des expéditions au comptant.

Les expéditeurs engagés comprennent Canadian Natural Resources, MEG Energy, Cenovus Energy, Suncor Energy, BP, PetroChina et Marathon Petroleum.

QUEL BRUT TRANSPORTERA-T-IL ?

Le nouvel oléoduc devrait transporter principalement du brut lourd, tandis que la canalisation existante achemine surtout des barils légers. De multiples qualités sont proposées à la vente par le TMX, mais les négociants s'attendent à ce que cela se stabilise à quelques qualités une fois que le commerce aura atteint sa maturité, a indiqué une source.

L'agence de cotation des matières premières Platts a lancé deux nouvelles évaluations quotidiennes pour le brut chargé à Westridge. Le Pacific Dilbit est de qualité similaire à l'Access Western Blend, et le Low TAN Dilbit s'aligne sur le brut de Cold Lake, a indiqué l'agence la semaine dernière.

POURQUOI Y A-T-IL UN DIFFÉREND SUR LES PÉAGES ?

En raison de l'explosion du budget, TMX a dû augmenter les péages pour récupérer certains coûts. Les expéditeurs contestent l'augmentation des tarifs, et la CER, qui a approuvé des droits provisoires plus élevés l'année dernière, tiendra une audience cette année pour décider des droits définitifs.

La semaine dernière, la CER a approuvé une demande des expéditeurs de divulguer des informations détaillées supplémentaires sur les coûts et les dépenses.

Le différend est important car les droits définitifs détermineront la valeur du gazoduc lorsqu'Ottawa le mettra en vente.

QUE VAUT LE TMX POUR LE CANADA ?

Certains analystes prévoient que la décote sur le brut lourd canadien de référence Western Canada Select se réduira à moins de 10 dollars le baril par rapport au brut américain, alors qu'elle est actuellement de 14 dollars le baril, ce qui se traduira par des millions de dollars de recettes supplémentaires pour les producteurs canadiens.

Selon Ernst & Young, les activités de TMX contribueront à hauteur de 9,2 milliards de dollars canadiens au PIB canadien et de 2,8 milliards de dollars canadiens en impôts sur une période de 20 ans, de 2024 à 2043.

La Banque du Canada a déclaré que le début des activités commerciales à la TMX ajoutera environ un quart de point de pourcentage à la croissance du PIB au deuxième trimestre.

(1 $ = 1,3669 dollar canadien) (Reportage de Nia Williams en Colombie-Britannique ; Reportage complémentaire d'Arathy Somasekhar à Houston et de Florence Tan à Singapour ; Rédaction de Jan Harvey)