par Ludwig Burger et Tova Cohen

Le groupe israélien, qui était en lice avec l'américain Pfizer et l'islandais Actavis, a précisé que le nouveau groupe affichera0 un chiffre d'affaires combiné de 16,2 milliards de dollars (11,8 milliards d'euros) sur la base des chiffres 2009, contre 13,9 milliards sans le laboratoire allemand.

Il emploiera 40.000 personnes dans le monde.

Déjà numéro un mondial, Teva devient désormais également numéro un en Europe, devant le numéro deux du secteur Sandoz, filiale du suisse Novartis. L'Europe représentera désormais un tiers des ventes de Teva, contre 25% avant l'achat de Ratiopharm, bien implanté en France, en Italie et en Espagne.

Actuellement numéro quatre sur le marché des génériques en Allemagne, Teva devient numéro deux, derrière la société Hexal, de Novartis.

L'opération, la plus importante du secteur des génériques depuis le rachat, déjà par Teva, de l'américain Barr pour 7,5 milliards de dollars (5,5 milliards d'euros) en 2008, marque un nouveau succès pour le patron de Teva, Shlomo Yanai. Cet ancien général avait été à la tête de la délégation israélienne chargée de la sécurité aux négociations de paix de Camp David.

L'action Teva, après avoir été un temps suspendue, a fini en hausse de 3,25% à 231,80 shekels à la Bourse de Tel Aviv. La société, première entreprise israélienne, affiche une capitalisation boursière de 57 milliards de dollars.

La holding VEM de la famille Merckle, le vendeur de Ratiopharm, a indiqué qu'après cette opération, elle n'aurait plus de dettes.

"C'est une très bonne affaire pour Teva", assure Gilad Sarig, analyste chez Bank Hapoalim. "Teva aurait aimé l'avoir pour moins mais il y avait des concurrents."

Le prix d'achat d'environ 2,2 fois le chiffre d'affaires apparaît toutefois en forte décote par rapport au multiple de 3,6 fois payé par Teva pour acquérir Barr et le ratio de 3-4 fois, de mise dans le secteur, expliquent les analystes.

PFIZER A LA RECHERCHE D'UN AUTRE GENERIQUEUR

Les analystes de Crédit Suisse estiment que cette opération va permettre à Teva de voir sa part de marché au niveau mondial dans les génériques passer à environ 19%, creusant l'écart avec Sandoz, qui est à 11% environ.

Teva chiffre à au moins 400 millions de dollars les synergies possibles avec Ratiopharm dans les trois ans après la conclusion de l'affaire.

L'affaire réduit aussi la dépendance de Teva au Copaxone, traitement le plus utilisé contre la sclérose en plaques. Il représente 20% du chiffre d'affaires du groupe.

Teva financera l'opération avec trois milliards sur ses liquidités et deux milliards en emprunts bancaires.

Evincé, Pfizer pourrait désormais se tourner vers un autre fabricant allemand de médicaments génériques, Stada. Après avoir un temps gagné jusqu'à 2,5%, Stada a fini en repli de 1,04% à 29,095 euros.

Etant donné le prix payé par Teva pour Ratiopharm, Pfizer risque de débourser environ 3,3 milliards d'euros pour Stada, dette comprise, soit une prime de 20% par rapport à la valorisation du laboratoire de médicaments génériques.

Le directeur de la recherche et du développement de Pfizer, Martin Mackay, a déclaré à Reuters que le laboratoire new-yorkais souhaitait se renforcer dans les génériques dans le cadre de sa stratégie de diversification après l'acquisition de Wyeth l'an dernier.

Ludwig Merckle, l'héritier du groupe familial, avait mis Ratiopharm en vente dans le cadre de concessions consenties par son père Adolf Merckle, qui s'était jeté sous un train en janvier 2009 peu après avoir cédé le contrôle de son empire à ses créanciers.

Après Ratiopharm, la famille Merckle conserve Phoenix, le numéro deux européen de la distribution de médicaments pour laquelle Ludwig Merckle a récemment décliné des offres.

La reprise des marchés financiers a permis à Ludwig Merckle de lever plus de deux milliards d'euros en vendant une participation majoritaire dans HeidelbergCement. Il a aussi obtenu plus de 400 millions d'euros de la vente de la société suisse soeur de Ratiopharm, Mepha, à l'américain Cephalon.

(avec Frank Siebelt à Cologne, Philipp Halstrick et Alexander Hübner à Francfort, Quentin Webb et Ben Hirschler à Londres et Lewis Krauskopt à New York, Alexandre Boksenbaum-Granier et Danielle Rouquié Spour le service français)