Tokyo (awp/afp) - Le produit intérieur brut (PIB) japonais a progressé de 0,5% au quatrième trimestre comparé au précédent, selon des chiffres publiés vendredi qui témoignent d'un rebond un peu plus solide que calculé initialement après un été marqué par des désastres naturels.

La première estimation, annoncée mi-février par le gouvernement, était de +0,3%.

Les investissements des entreprises ont depuis été revus en hausse (+2,7% au lieu de +2,4%), se reprenant après une série de typhons et un séisme qui avaient perturbé l'activité.

"Le Japon ressent la pénurie de main-d'oeuvre du fait des changements démographiques (population en déclin), c'est une des raisons pour lesquelles les sociétés japonaises sont plus actives", souligne auprès de l'AFP Junko Nishioka, économiste de Sumitomo Mitsui Banking Corporation.

Les premières données disponibles pour le début d'année 2019 montrent cependant que cette tendance positive ne va probablement pas se maintenir. La troisième économie du monde commence en effet à être touchée par le ralentissement chinois, sur fond de tensions commerciales avec Washington.

"L'industrie japonaise bénéficiait auparavant du redressement durable de la demande extérieure, mais cette période est derrière nous", prévient Mme Nishioka. "Ce n'est qu'une question de temps avant que les entreprises ne deviennent plus pessimistes."

"La situation s'est clairement détériorée depuis, les autres indicateurs commencent à le montrer", a abondé un analyste de Institut de recherche Daiwa sur la chaîne de télévision publique NHK.

Hausse de TVA redoutée

Déjà en fin d'année, les exportations japonaises ont commencé à s'essouffler, tandis que dans ce contexte incertain, la consommation des ménages reste poussive. Elle a d'ailleurs été abaissée à +0,4% au quatrième trimestre (au lieu de 0,6%).

Sur l'ensemble de 2018, le PIB nippon s'est élevé de 0,8% (au lieu de 0,7%), marquant le pas après un cru 2017 plus dynamique (+1,9%). L'an dernier a été marqué par une succession de contractions et de modestes rebonds: -0,1% de janvier à mars, +0,5% d'avril à juin, -0,6% de juillet à septembre et enfin +0,5% d'octobre à décembre.

En rythme annualisé, c'est-à-dire si l'évolution du quatrième trimestre était identique sur une année entière, l'activité est ressortie en hausse de 1,9% au quatrième trimestre (contre +1,4% estimés auparavant).

L'archipel aborde donc fragilisé le relèvement attendu de la taxe sur la consommation, prévu en octobre prochain. Après plusieurs reports, le Premier ministre conservateur Shinzo Abe a promis de mettre en oeuvre cette mesure, pour donner des gages aux instances financières internationales inquiètes de la colossale dette nippone. Mais si la situation se dégradait, un nouveau délai n'est pas à exclure, pronostiquent certains analystes.

"Il faudra que le diagnostic économique du gouvernement soit ajusté en fonction de la réalité", a insisté l'analyste de Daiwa.

"En cas de signe clair de possible récession, M. Abe risque de repousser, encore une fois, la hausse de TVA, mais pour l'instant il semble sûr de lui. Je dirais que la probabilité d'un report est de 30 à 40%", estime Mme Nishioka.

afp/al