Visite guidée : quand la mobilité se réinvente

Comment imaginez-vous la mobilité de demain ?

Guillaume Georgin : Les enjeux à relever sont à la fois environnementaux, énergétiques et sociétaux. Chacun, en zone urbaine, périurbaine ou rurale, doit pouvoir se déplacer simplement. Il s'agit également de réduire les engorgements et de trouver des alternatives à l'autosolisme. Nous allons vers des modes de transport plus doux. Le rythme de cette évolution est imprévisible. Qui aurait imaginé, il y a dix ans, l'explosion des trottinettes électriques ou des pistes cyclables pour cause de pandémie ? L'autre tendance qui se dessine est celle d'une mobilité à la demande et intermodale. Le service aux usagers deviendra essentiel.

Rudiger Graff : Le développement durable et la facilité d'accès passeront au premier plan dans le choix du mode de transport. Les véhicules électriques, alimentés en énergie renouvelable, remplaceront les moteurs thermiques, et leur autonomie ne cessera d'augmenter. Plutôt que de posséder une voiture, nous utiliserons les moyens de transport de manière flexible grâce à la mise en réseau de tous les systèmes de transport, à une plus grande fréquence des transports en commun et à des offres coordonnées (individuelles ou partagées) pour le dernier kilomètre. Véhicules connectés, 5G et IoT (internet des objets) préparent la conduite autonome de demain. Il y aura aussi des moyens de transport entièrement nouveaux, drones ou taxis aériens.

Dans quelle mesure ces développements impliquent-ils la gestion de données et l'intelligence artificielle ?

G. G. : Informatique, objets connectés et capteurs dans la ville démultiplient les possibilités, facilitent l'organisation et la régulation des déplacements, permettent d'offrir un niveau de service supérieur aux usagers en agrégeant l'ensemble des informations nécessaires à leurs déplacements. L'intelligence artificielle permet également d'analyser les comportements et d'intégrer la mobilité dans une gestion globale de la smart city.

R. G. : L'intelligence artificielle pourrait aussi être utile pour compenser les fortes fluctuations de puissance dans le réseau électrique grâce aux données fournies par les batteries de centaines de véhicules. Avec l'approche dite vehicle to grid, le véhicule absorbera l'énergie en cas de surplus dans le réseau et la restituera en cas de forte demande, tout en s'assurant de conserver une charge suffisante pour ses besoins.

En quoi SPIE contribue à ces évolutions ?

R. G. : L'un de nos principaux objectifs est la transition vers la mobilité et la mise en œuvre complète des infrastructures de recharge. Avec plus de 7 000 points de recharge installés en Allemagne, nous avons développé un large éventail de compétences. L'an dernier, SPIE Deutschland & Zentraleuropa et RheinEnergie se sont associées pour créer la joint-venture TankE. Cette nouvelle entité propose une offre de services complète dans toute l'Allemagne, avec notamment des stations de recharge et des options de facturation standard pour les véhicules électriques. Notre objectif est de nous implanter plus profondément sur le marché et d'établir un réseau de recharge à l'échelle nationale. Par ailleurs, en tant que principal installateur d'éclairage public en Allemagne, nous mettons en place des systèmes de LED dont la luminosité s'adapte en fonction de la présence de piétons. Le concept de Smart Crossing, en cours de développement, permettra aux piétons de traverser en toute sécurité grâce à une surveillance intelligente de la zone.

G. G. : SPIE CityNetworks, par son expertise dans le domaine du transport, contribue au développement de solutions innovantes, notamment de systèmes visant à optimiser la mobilité et l'e-mobilité. La solution clé en main d'e-mobilité ORIOS englobe la conception, l'exploitation d'un réseau de bornes et le service aux usagers (avec SILENE, service clients intégré à SPIE) ainsi que la maintenance globale, grâce à un réseau de proximité ultra-réactif. Nos équipes sont impliquées dans de nombreux projets d'innovation, de R&D1 et d'expérimentation : en tant que membres du consortium Mobilité intégrée en Île-de-France (m2i), par exemple, nous expérimentons actuellement la prédiction de trafic en milieu urbain dans le Val-de-Marne. Pour la métropole lyonnaise, après le déploiement de CRITER, système de pointe dédié à la régulation du trafic, nous travaillons sur un système de gestion dynamique d'une voie de covoiturage.