par Veronica Ek et Adam Cox

La semaine dernière encore, le directeur du marketing du groupe, James Marshall, avait déclaré à Reuters que les prévisions pour le deuxième trimestre semblaient bonnes.

Mais la filiale commune à Ericsson et Sony explique dans un communiqué, en qualifiant le marché de difficile, que ses profits ont été affectés par le ralentissement de la demande de téléphones portables de milieu et haut de gamme, ainsi que par des retards dans le développement de nouveaux produits.

L'action Ericsson a perdu jusqu'à plus de 11% juste après ces annonces et cédait encore 7,6% en clôture. Nokia, le numéro un mondial, a cédé 4,5% et l'indice DJ Stoxx européen des valeurs technologiques a reculé de 3,1% sur la journée.

"Sony Ericsson ressent les effets de la dépendance aux marchés matures, qui subissent l'impact du ralentissement économique mondial", a commenté Geoff Blaber, analyste de CCS Insight.

Les investisseurs s'attendaient à une nouvelle dégradation des résultats de Sony Ericsson après un premier trimestre déjà peu glorieux, en particulier après l'accumulation de signes montrant que la consommation souffre de la crise internationale du crédit, de la hausse des prix pétroliers et de l'anxiété ambiante sur la situation économique en général.

Mais l'avertissement de vendredi montre que la situation est plus grave qu'attendu, même si elle semble liée en partie à des facteurs spécifiques au groupe.

LE PRIX DE VENTE MOYEN DÉÇOIT

"Les problèmes ne semblent pas liés à l'ensemble du marché, pas au secteur en tant que tel", explique Mikko Ervasti, analyste d'Evli.

Sony Ericsson prévoit désormais de vendre environ 24 millions de combinés sur l'ensemble du deuxième trimestre à un prix moyen estimé à 115 euros, qu'un analyste a jugé décevant.

La marge brute devrait baisser à la fois sur un an et d'un trimestre sur l'autre, ajoute le groupe. Un porte-parole de Sony Ericsson interrogé sur le niveau de marge et les perspectives pour le second semestre s'est refusé à tout commentaire.

Sony Ericsson s'efforce de réorienter sa stratégie vers les pays en développement mais les analystes jugent que ce virage a été pris trop tard et que le groupe reste trop exposé aux marchés européens déjà parvenus à maturité, voire à saturation.

"A la différence des cinq autres grands constructeurs de combinés, Sony Ericsson est très dépendant de l'Europe occidentale car sa présence sur les marchés émergents à croissance élevée est limitée. Il devient de plus en plus difficile de rivaliser avec la taille et les réseaux de distribution de Nokia et Samsung", explique Geoff Blaber, de CCS Insight.

Les ventes de téléphones portables ont chuté de 16,4% en Europe occidentale au premier trimestre selon le cabinet d'études Gartner, leur première baisse en rythme annuel depuis que celui-ci suit l'évolution de ce marché.

C'est la deuxième fois en autant de trimestres que Sony Ericsson est contraint d'avertir sur ses résultats.

Après s'être hissé ces dernières années au troisième rang mondial du marché des téléphones portables, le groupe a perdu du terrain récemment, revenant à la cinquième place sur les trois premiers mois de cette année, derrière le sud-coréen LG Electronics.

Les trois premières places du marché restent détenues par Nokia, Samsung Electronics et Motorola.

Sony Ericsson doit publier ses résultats du deuxième trimestre le 18 juillet. Au premier trimestre, il avait réalisé un bénéfice imposable de 193 millions d'euros, en baisse de 47% sur un an. Il avait expliqué ce recul par la dégradation de la demande pour les combinés les plus chers.

Version française Marc Angrand