PARIS (Reuters) - Société générale a publié mercredi un bénéfice trimestriel en baisse mais supérieur aux attentes, grâce entre autres à un coût du risque moins élevé qu'anticipé, et table pour 2021 sur une poursuite du rebond entamé au second semestre de l'an dernier, une perspective saluée par une nette hausse en Bourse.

L'action SocGen gagnait 3,47% à 18,01 euros à 11h00, la meilleure performance de l'indice CAC 40, alors en progression de 0,11%. Elle portait ainsi à près de 6% sa hausse depuis le 1er janvier, après une chute de 45,1% en 2020.

La troisième banque cotée française a réalisé au quatrième trimestre un bénéfice net part du groupe de 470 millions d'euros, en baisse de 28,1% par rapport à la période correspondante de 2019. Son produit net bancaire (PNB) trimestriel a reculé de 6,0% à 5,838 milliards d'euros.

Le coût net du risque sur le trimestre ressort à 689 millions d'euros contre 518 millions sur juillet-septembre et 371 millions pour octobre-décembre 2019. Le consensus IBES-Refinitiv le donnait à 993 millions.

Le détail des résultats du quatrième trimestre montre aussi un repli des revenus des activités de marchés, dont le groupe s'efforce de réduire le profil de risque: ceux du trading d'actions ont diminué de 7% sur un an et ceux des activités taux, crédit et changes (FIC) de 16%.

"Nous sommes davantage positionnés sur des activités de taux et davantage positionnés en Europe", a expliqué Slawomir Krupa, le directeur général adjoint en charge des activités de banque de financement et d'investissement (BFI), lors d'une conférence de presse en ligne, évoquant un "mix produits et métiers défavorable".

Le repli subi par SocGen tranche en effet avec les performances affichées ces dernières semaines par les grandes banques de Wall Street aux Etats-Unis, soutenues par la volatilité des marchés financiers en fin d'année, comme avec ceux de BNP Paribas, dont les revenus ont progressé de 22% dans la branche taux fixes, devises et matières premières (FICC) tandis qu'ils reculaient de 4,5% dans les actions.

La contre-performance de SocGen dans l'obligataire intervient alors que le groupe a entamé une restructuration de ses activités de marchés afin d'en améliorer la rentabilité.

DES RACHATS D'ACTIONS ENVISAGÉS POUR COMPLÉTER LE DIVIDENDE

Ses activités actions avaient souffert au premier semestre 2020 de la dislocation des marchés mais elles avaient rebondi au troisième trimestre.

Le groupe, qui doit présenter en mai sa nouvelle stratégie dans la BFI, s'est déjà désengagé de certains segments comme le trading de matières premières, et a annoncé l'an dernier l'arrêt de la vente de certains produits structurés particulièrement exposés aux fluctuations des marchés pendant la crise.

Dans la banque de détail, il a annoncé en décembre son intention de fusionner les réseaux de Société générale et Crédit du Nord, ce qui devrait se traduire par la fermeture de 600 agences sur près de 2.100 d'ici 2025.

Sur l'ensemble de 2020, Société générale affiche une perte nette part du groupe de 258 millions d'euros mais un bénéfice hors éléments exceptionnels de 1,435 milliard. Le coût du risque a atteint 3,306 milliards, soit 2,6 fois plus qu'en 2019.

Pour 2021, Société générale prévoit une légère croissance des revenus ainsi qu'une diminution du coût du risque et confirme son objectif d'un taux de distribution de 50% du résultat net part du groupe sous-jacent.

"2021 devrait être une année de rebond des performances financières dans la foulée de ce deuxième semestre", a dit Frédéric Oudéa, son directeur général.

Le groupe prévoit un dividende de 0,55 euro par action en numéraire puis, en fin d'année, un plan de rachat d'actions d'un montant équivalent à celui consacré au dividende, soit environ 470 millions d'euros.

Ces annonces, note UBS, représentent "une distribution totale aux actionnaires de 1,10 euro par action pour l'exercice 2020, soit un rendement de 6%". La banque suisse évoque aussi la possibilité d'une révision à la hausse du consensus de marché pour 2021.

Société générale affiche un ratio de solvabilité "Common Equity Tier 1" (CET1) de 13,4% à fin décembre, supérieur de près de 440 points de base à l'exigence fixée par la Banque centrale européenne (BCE). Le groupe s'est fixé pour objectif de conserver un ratio CET1 supérieur de 200 points au niveau réglementaire.

(Marc Angrand et Matthieu Protard, édité par Blandine Hénault et Jean-Michel Bélot)

par Marc Angrand et Matthieu Protard