Baar (awp) - A la faveur de la restriction des droits de vote de la famille héritière Burkard, la composition du conseil d'administration de Sika est restée conforme au voeux de ses dirigeants, c'est-à-dire inchangée. La palme revient au sortant Fritz van Dijke, représentant des actionnaires, réélu triomphalement avec 99,6% de suffrages favorables.

Avec une part de votes favorables de 81,8 à 84,3%, les trois représentants de la holding familiale Schenker-Winkler (SWH), Urs Burkard, Willi Leimer et Jürgen Tinggren ont été reconduits dans leurs fonctions. Les autres membres indépendants du conseil d'administration ont engrangé des scores de 81,8 à 85,5%, après mise en sourdine des voix de SWH. Les élus ont accepté dans la foulée leur réélection.

Sans grande surprise, le candidat de SWH Jacques Bischoff s'est vu refuser l'accès à l'organe de surveillance avec seulement 14,6% de voix favorables. Le président sortant Paul Hälg, réélu avec 83,6% de "oui" a également été reconduit à la présidence pour une année supplémentaire à 86,5%.

Les administrateurs Fritz van Dijke, Urs Burkard et Daniel Sauter ont également été réélus aux comités de nomination et de rémunération.

ADMINISTRATEURS NON RÉMUNÉRÉS

Le conseil d'administration de Sika va être contraint de continuer d'exercer ses fonctions sans toucher un centime. Comme lors des précédentes éditions, les représentants de la holding familiale Schenker-Winkler (SWH) ont opposé leur veto à l'approbation de la rémunération à venir de l'organe de surveillance du groupe. Pour les exercices écoulés non plus, rien ne sera versé a posteriori.

Le conseil d'administration avait demandé pour la période de 2015 à 2017 une rémunération rétroactive totale de 8,64 millions de francs suisses pour ses membres. Pour l'exercice en cours, il avait proposé un montant maximal de 3,00 millions.

L'approbation des salaires passés et futurs des administrateurs n'ont cependant reçu que 30% de suffrages favorables. Le vote consultatif sur le rapport de rémunération 2017 a également débouché sur un rejet.

Le président du conseil d'administration Paul Hälg a laissé libre cours à une colère à peine voilée: "ainsi, la SWH a une nouvelle fois abusé de sa force de frappe en tant qu'actionnaire". Et de rappeler que le non paiement des administrateurs pour le travail effectué constitue une infraction aux statuts du groupe.

"Visiblement, la famille héritière cherche ainsi à affamer le conseil d'administration, afin de permettre la prise de contrôle par Saint-Gobain", a-t-il lancé aux actionnaires réunis en assemblée.

Une situation que n'auront pas à affronter le directeur général (CEO) Paul Schuler et les membres de la direction. La rémunération future a passé allégrement la rampe, donc avec le blanc-seing de SWH. Les neufs membres de la direction générale pourront se partager pour 2018 jusqu'à 18 millions de francs suisses.

NOUVEAU RECOURS DE SWH

En toute fin d'assemblée, la demande de SWH réclamant un examen de l'administratrice Monika Ribar a été rejeté. La holding familiale voulait que soit effectué un examen du mandat d'administratrice de la présidente des CFF pour la société "Capoinvest" en rapport avec son mandat auprès de Sika.

A la suite de ce rejet, le président a déclaré l'assemblée générale close.

SWH a fait savoir son intention de contester le résultat des votes effectués lors de l'assemblée générale. Dans un communiqué diffusé peu après la clôture, la holding familiale a par ailleurs indiqué que la famille Burkard reste "fermement décidée" à finaliser la vente de SWH, qui détient la majorité des voix de Sika, au français Saint-Gobain.

La Cour suprême du canton de Zoug devrait bientôt rendre son verdict sur la limitation des droits de vote de SWH décidée par le conseil d'administration de Sika. SWH se dit confiante de voir la justice confirmer la validité du plein exercice des droits de votes auxquels lui donne droit ses actions.

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