Baar ZG (awp/ats) - Les contrats de vente entre les héritiers de Sika et le groupe français Saint-Gobain ont été rendus publics et ouvrent la voie à de nouvelles controverses. Depuis près de deux ans, les héritiers et Saint-Gobain sont en conflit avec le conseil d'administration de Sika.

La SonntagsZeitung a publié en ligne dimanche le contrat d'achat d'actions du 5 décembre 2014 et le contrat modifié du 7 avril 2015. Se basant sur ces documents, le journal alémanique remet en question la garantie de Saint-Gobain concernant les postes de travail.

La famille héritière Burkard a souligné à plusieurs reprises avoir pris une série d'engagements clairs avec le groupe français pour conserver et protéger l'indépendance, l'identité et la culture d'entreprise de Sika.

Les héritiers et le conseil d'administration ont indiqué lors de l'assemblée générale d'avril dernier que les postes de travail étaient garantis pour tous les employés durant deux ans. L'entreprise zougoise devait aussi rester cotée à la Bourse suisse et conserver son siège en Suisse.

Plusieurs conseillers indépendants devaient entrer au conseil d'administration et le management actuel devait continuer à diriger l'entreprise.

Aucune promesse

"Il n'y a jamais eu de telles garanties", écrit la SonntagsZeitung, se référant aux contrats. Aucun engagement dans ce sens par Saint-Gobain n'y figure. Une clause stipule qu'il n'existe aucun autre accord entre les deux partis que ceux mentionnés dans le contrat. De plus, les déclarations n'ont aucun effet légal contraignant.

Un porte-parole de Schenker-Winkler-Holding (SWH), qui regroupe les voix des héritiers, a dit à l'ats que les garanties n'avaient de sens qu'en cas d'accord entre Saint-Gobain et Sika. Le contrat ne règle que l'achat de la holding. La famille Burkard n'a plus aucune influence sur Sika ou Saint-Gobain après la conclusion de la vente.

Un porte-parole de Saint-Gobain renvoie à une lettre ouverte du 12 avril 2016 aux employés de Sika du directeur général Pierre-André de Chalendar. Il avait donné des garanties claires. "Elles seront appliquées point par point après la réalisation du projet". Aucun licenciement ou restructuration n'y est prévu.

"Toute tentative d'un tiers d'ouvrir une controverse concernant ces plans n'aboutira à rien. Cela serait préjudiciable avant tout aux employés de Sika", souligne le porte-parole. Dans l'intérêt des collaborateurs, Saint-Gobain se distancie de ces accusations.

Deux ans de conflit

Pour rappel, l'affaire remonte à la fin de l'année 2014. Saint-Gobain avait conclu un contrat proposant 2,75 milliards de francs suisses aux membres de la famille Burkard-Schenker, héritiers du fondateur de Sika, pour racheter leur participation. Détenue via la holding familiale SWH celle-ci se monte à un peu plus de 16% du capital-actions, mais représente plus de 52% des droits de vote.

Le conseil d'administration de Sika et les actionnaires minoritaires s'y sont toujours opposés. Afin d'empêcher l'actionnaire majoritaire d'élire des administrateurs acquis à sa cause, l'organe de surveillance de Sika a limité les droits de vote de SWH à 5% lors des deux assemblées générales de 2015.

Cette décision, attaquée en justice par la famille Burkard, a été jugée légale fin octobre 2016 par le Tribunal cantonal de Zoug. La décision peut faire l'objet d'un recours.

Le conseil d'administration de Sika est prêt à racheter aux héritiers le paquet d'actions de la famille. Celle-ci a toutefois souligné qu'elle était encore liée par contrat à Saint-Gobain.

http://files.newsnetz.ch/upload//1/0/101435.pdf; http://files.newsnetz.ch/upload//1/0/101437.pdf