Eric Matteucci, pouvez-vous rapidement nous rappeler ce qui vous différencie parmi les grands acteurs français du secteur ?

" Les missions que nous confions à nos quelques 13 000 consultants s’équilibrent entre le Conseil en Technologies (informatique, électronique et télécom) où nous sommes, par exemple, face à ce que l’on appelle classiquement des sociétés de R&D externalisée comme Alten ou Altran, et les Services Numériques (informatique technique et réseaux) où nous trouvons par exemple Sopra Steria ou Devoteam. Ce positionnement hybride nous permet d’accompagner les grands groupes de tous les secteurs économiques, dans l’intégration des nouvelles technologies, procédés et méthodes de management de l’innovation. "

Un portefeuille diversifié

(Source : présentation des résultats semestriels du Groupe SII)

Au-delà de ce positionnement hybride, y a-t-il un ADN SII ?

" Je crois sincèrement que nous avons une culture d’entreprise singulière, qui privilégie la proximité avec le terrain, les cycles de décision très courts et l’autonomie des collaborateurs, à tous les niveaux de l’entreprise. C’est probablement une des raisons qui nous permet de nous maintenir depuis 5 ans dans le top 3 du classement Great Place to Work dans la catégorie entreprises de plus de 2500 salariés. Car sur le plan purement technologique, il y a peu de différence entre les acteurs de premier plan. Chez le client, nous nous montrons particulièrement engagés, avec un souci du service et du savoir être très développé. Nous avions par exemple été les premiers à être certifiés ISO9001 et CMMI. Notre capacité d’adaptation au client peut aussi s’illustrer par ce que nous avons mis en place, pour la 1ère fois, pour un acteur de la défense : nous avons loué des locaux à 10 minutes des siens où l’intégralité de nos salariés sont dédiés aux missions que le client nous a confiées. Cela participe de notre image de prestataire sérieux, fiable, empreint d’une certaine humilité. "

Historiquement, la demande dans votre secteur est liée aux cycles économiques. A quel type de croissance peut-on s’attendre sur l’exercice prochain alors que la récession menace en Europe ?

" Les plus de 20% de croissance organique actuels sont liés à une généralisation et une accélération de la transformation digitale dans tous les secteurs. Notre changement d’organisation il y a deux ans, plus transversale avec des directions au service des agences de proximité, a également été un facteur d’accélération de notre développement organique. La demande est telle que nous ne pouvons même pas y répondre, faute de consultants. Aujourd’hui, nous observons une forte traction de la part du secteur aéronautique qui monte en cadence et doit moderniser les flottes d’avions. La secteur défense, dont Thalès qui figure parmi nos tous premiers clients, est également extrêmement porteur. A part de rares secteurs comme la grande distribution, tous les voyants sont au vert. Pour autant, il est encore trop tôt pour vous donner des indications sur l’exercice à venir. Je peux juste vous dire que notre niveau de croissance organique actuel est tel qu’il va forcément finir par se tasser. "

Extrait des comptes de résultats de SII

(Source : présentation des résultats semestriels du Groupe)

Quelle est la durée moyenne des contrats ?

" Environ un quart de nos ingénieurs sont mis à disposition de nos clients, sans durée de mission clairement définie. Dans les faits, nos missions s’étendent sur 18 à 24 mois, sans faire l’objet d’un quelconque engagement si ce n’est de nous réserver l’exclusivité de la mission. Cela nous oblige à satisfaire pleinement nos clients. "

Pourquoi la France est-elle moins profitable que l’international, et ce malgré une moindre croissance et un taux d’activité optimisé ? Est-ce une fatalité ?

" C’est le cas depuis très longtemps. Je l’explique par une situation de marché très structuré avec une compétition forte et des clients qui en profitent. Par ailleurs, et cela est propre à notre groupe, la France supporte un certain nombre d’investissements qui profitent plus ou moins directement au groupe, sans contrepartie financière spécifique. "

Source : présentation des résultats semestriels du Groupe SII

Avec environ 40% du CA et des marges supérieures, votre filiale polonaise prend de plus en plus de poids dans le Groupe. Quel est le climat social après la polémique autour du syndicaliste qui a été renvoyé fin 2022 ?

" Le dirigeant de notre filiale polonaise, qui en détient 30% et qui a formidablement développé nos activités dans la région, a effectivement tenu des propos déplacés à l’égard de ce collaborateur. Un litige est en cours avec ce salarié suite à son licenciement. A ce stade, cela n’a pas du tout impacté nos activités et le climat social reste très bon dans cette filiale. Mais il est clair que la polémique a enflé localement et qu’il faudra sans doute encore quelques mois pour en mesurer toutes les conséquences. "

SII a réalisé une petite acquisition dernièrement (Metanext, 18M€ de CA). Avec une trésorerie nette à fin mars de 121 M€ hors dettes de location IFRS 16, lorgnez-vous des cibles plus importantes ?

" SII ne souhaite pas grandir pour grandir. Notre stratégie d’acquisition se concentre sur les compléments structurels industriels ou géographiques. Metanext en est l’illustration : la société adresse les problématiques fonctionnelles et métiers bien précises dans le domaine du Cloud. "

Source : présentation des résultats semestriels du Groupe SII

 

L'auteur est actionnaire de la société à titre personnel.