Début septembre, le groupe français de réassurance a rejeté une offre de rachat émanant de Covéa, qui regroupe les assureurs GMF, MAAF et MMA, le valorisant à quelque 8 milliards d'euros, considérant que cette proposition compromettait sa stratégie d'indépendance et qu'elle ne reflétait pas sa valeur intrinsèque.

"A l'unanimité, le conseil d'administration ne souhaite pas que Scor devienne une filiale de Covéa", a déclaré Denis Kessler, le PDG de Scor, lors d'une conférence téléphonique à l'occasion des résultats trimestriels.

"Nous souhaitons garder l'indépendance du groupe. Nous considérons que l'offre qui a été formulée au mois d'août était une offre hostile", a-t-il ajouté, précisant qu'aucune nouvelle offre n'avait été proposée depuis par Covéa.

Dans un souci d'apaisement, Covéa, qui détient 8,5% du capital de Scor, a annoncé fin septembre le retrait temporaire de son PDG Thierry Derez du conseil d'administration du réassureur.

Entre-temps, le fonds activiste Ciam est monté au créneau pour dénoncer le rejet par Scor de l'offre de Covéa.

Alors que l'idée d'une sous-capitalisation de Scor a été avancée dans le cadre de cette bataille, Denis Kessler a fermement rejeté l'argument, dont le seul but serait selon lui d'affaiblir Scor.

"Quand vous avez quelqu'un qui veut prendre le contrôle d'un groupe, on raconte n'importe quoi: le chien a la rage, la cantine est mauvaise, nous sommes sous-capitalisés", a déclaré Denis Kessler. "Tout ça, ce sont des bobards pour pouvoir affaiblir et justifier son action."

"J'aimerais que vous m'expliquiez comment cette entreprise (Scor, ndlr) est notée 'AA-', arrive à rendre du capital et serait sous-capitalisée", a-t-il ajouté, considérant que Covéa avait un surplus de capital expliquant ses ambitions de prendre le contrôle de Scor. "Vous savez d'où viennent ces propos, soyons sérieux."

Pour les neuf premiers mois de l'année, Scor a fait état d'un résultat net de 342 millions d'euros contre 25 millions un an plus tôt.

Sur la période, ses primes brutes, qui correspondent à son chiffre d'affaires, ont atteint 11.336 millions d'euros entre janvier et septembre, en hausse de 7,4% à changes constants.

Le réassureur a en outre confirmé les objectifs financiers de son plan stratégique à horizon 2019.

Dans le cadre de ce plan, le groupe vise un rendement des capitaux propres (ROE) supérieur ou égal à 800 points de base au-dessus du taux sans risque à 5 ans au cours du cycle et un ratio de solvabilité compris entre 185% et 220%.

"Le groupe est (...) en bonne voie pour atteindre les objectifs", indique le groupe.

En Bourse, l'action Scor progresse de 1,45% à 10h49 à 41,42 euros. Le titre a gagné plus de 23% depuis le début de l'année.

Sa capitalisation boursière ressort désormais à près de 8 milliards d'euros.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Matthieu Protard