L’affrontement entre Scor et son premier actionnaire Covéa a pris un tour des plus acrimonieux. En milieu de journée, le groupe d'assurances mutualiste français, qui rassemble GMF, MAAF et MMA, a indiqué qu’un rapprochement avec le réassureur ne faisait « plus partie de ses options stratégiques ». Cette annonce a fait chuter Scor, qui ferme la marche du SBF 120 avec un recul de 11,36% à 36,50 euros. Covéa, propriétaire d’un peu plus de 8% du capital de Scor, avait proposé en août 2018 de racheter la société pour 43 euros par action, avant d’être éconduit par la cible.

Covéa a motivé sa décision d'aujourd'hui par " le refus de Scor d'engager tout dialogue " et par l'intensification ces derniers jours des " attaques et manoeuvres hostiles et répétées " à son encontre.

Scor a promptement répliqué, réfutant ces dernières accusations et portant l'affaire auprès de l'Autorité des marchés financiers. Exprimant sa " stupeur ", le groupe dirigé par Denis Kessler a expliqué ne pas avoir été préalablement informé du changement de position de Covéa.

La réaction du réassureur est aussi judiciaire. Il poursuit le PDG de Covéa, Thierry Derez, pour abus de confiance et pour violation grave de ses obligations légales et fiduciaires - notamment en matière de loyauté, conflit d'intérêts et confidentialité - mais aussi du secret des affaires. Il est attaqué en tant qu'administrateur de Scor, poste dont il a démissionné en novembre. Pour le réassureur, ces " fautes inacceptables ont été commises dans le dessein de favoriser indûment la préparation et la soumission par Covéa de son projet non sollicité de rapprochement ".

La société Covéa est, elle, notamment attaquée pour recel d'abus de confiance.

Enfin, Scor a annoncé une action en responsabilité civile, contre les deux banques conseil de Covéa, Rothschild en France, et contre Barclays, devant la High Court of Justice de Londres, pour violation grave de la confidentialité et du secret des affaires.