Le vaste secteur australien du gaz naturel liquéfié (GNL) mise son avenir sur le captage et le stockage du carbone (CSC), une technologie qui, selon lui, est essentielle à la décarbonisation et qui a fait ses preuves.

Convaincre les autres sera la partie la plus délicate, d'autant plus que le seul projet à grande échelle de ce type n'a pas vraiment été un succès retentissant jusqu'à présent.

La décarbonisation et l'atteinte d'un taux d'émissions nettes nulles d'ici 2050 étaient le thème principal du rassemblement des entreprises qui font de l'Australie le premier exportateur mondial de GNL, lors de la conférence de l'Australian Petroleum Production and Exploration Association cette semaine.

Le CSC a une mauvaise image auprès du public, en grande partie parce qu'il est considéré comme ne tenant pas ses promesses et qu'il constitue une solution coûteuse à un problème que les partisans de l'environnement et des énergies renouvelables estiment mieux résoudre en éliminant l'utilisation des combustibles fossiles.

L'échec perçu découle en grande partie de l'incapacité du CSC à éliminer le carbone lors de la combustion des combustibles fossiles, notamment dans le cas de la production d'électricité à partir du charbon.

Pendant plusieurs années, l'industrie et le lobby des mines de charbon ont vanté le CSC comme une solution qui leur permettrait de fonctionner à long terme.

Cette promesse n'a jamais été tenue et il serait extrêmement difficile de trouver un acteur ou un analyste sérieux de l'industrie énergétique qui voit un quelconque avenir dans le CSC pour les centrales électriques au charbon.

Mais l'industrie australienne du GNL, qui rivalise avec le Qatar et de plus en plus avec les États-Unis pour devenir le premier exportateur mondial, considère le CSC comme une voie viable vers la décarbonisation de son secteur en amont.

Le plan est à la fois simple et vaste dans sa portée.

Les producteurs de GNL réduiraient considérablement leurs émissions de portée 1 et 2 en capturant les émissions de carbone produites lors des processus d'extraction et de liquéfaction, et en les réinjectant dans les réservoirs de gaz naturel et de pétrole épuisés.

Les partisans de l'industrie qui préconisent l'utilisation du CSC font sans cesse référence au processus comme à une "technologie éprouvée" qui est prête à être déployée à une échelle suffisamment grande pour faire une différence dans les émissions mondiales.

S'il est vrai qu'il existe plusieurs projets de CSC dans des entreprises pétrolières et gazières en amont, c'est se voiler la face que d'affirmer qu'il s'agit d'une technologie prête à être déployée à grande échelle à un prix économiquement raisonnable.

On fait grand cas du plus grand projet de CSC du monde à l'usine de GNL Gorgon, exploitée par Chevron en Australie occidentale.

Ce projet vise à capturer et à stocker 4 millions de tonnes d'émissions de carbone chaque année, mais il n'a fonctionné qu'à un peu plus de la moitié de ce chiffre en 2021, stockant quelque 2,1 millions de tonnes.

Il est tout à l'honneur de Chevron que, dans un secteur qui a la réputation d'être hermétique aux problèmes, la société ait reconnu les problèmes de Gorgon, affirmant effectivement qu'elle est en pleine phase d'apprentissage et qu'elle a l'intention d'atteindre ses objectifs.

L'INFANCIARITÉ DU CCS

Les difficultés rencontrées par Chevron à Gorgon ne prouvent pas que le CSC n'est pas viable dans les projets pétroliers et gaziers en amont, mais qu'il existe des défis techniques qui le rendent difficile et que la technologie n'en est qu'à ses débuts lorsqu'il s'agit de la déployer à grande échelle.

Un autre projet de CSC à grande échelle en Australie est entrepris par le deuxième plus grand producteur de pétrole et de gaz du pays, Santos, qui construit une installation de CSC de 1,7 million de tonnes par an à Moomba, un centre gazier dans le centre éloigné du pays.

Le directeur général de Santos, Kevin Gallagher, a déclaré lors de l'événement de l'APPEA que, dans le cadre de la trajectoire nette zéro de l'Agence internationale de l'énergie, le CSC devra stocker environ 7,6 milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année, soit 200 fois plus que ce qui est actuellement réalisé.

Cela montre bien l'ampleur du défi, mais cela soulève également la question du coût de la réalisation de cet objectif.

En effet, l'industrie du GNL devra être en mesure de générer des crédits carbone pour justifier les investissements dans le CSC.

Cela pourrait être considéré soit comme un moyen judicieux de permettre aux combustibles fossiles de continuer à exister dans un monde sous contrainte carbone, soit comme une nouvelle aumône des contribuables à l'industrie des combustibles fossiles.

Mais le principal défi pour les producteurs australiens de GNL est peut-être de surmonter l'obstacle du scepticisme du public à l'égard du CSC, tant en ce qui concerne son coût que son efficacité.

Pour ce faire, l'industrie devra démontrer que la technologie peut être déployée à grande échelle et rapidement, sans escroquer le contribuable, et qu'elle peut apporter une véritable contribution aux objectifs de zéro émission nette.

Pour l'industrie australienne du GNL, mettre le CSC au centre de leur licence sociale d'exploitation est un risque énorme, mais il semblerait également que la réussite de cette technologie soit en grande partie entre leurs mains.