* Début des délibérations du jury mercredi

* Apple accuse Samsung d'avoir copié l'iPhone

* Samsung contre-attaque sur les brevets

* Outre une interdiction de vente, Apple réclame $2,5 mds

* La suprématie sur le marché mondial des smartphones en jeu

par Dan Levine et Poornima Gupta

SAN JOSE, Californie, 22 août (Reuters) - Le jury chargé de trancher le conflit entre Apple et Samsung Electronics doit entamer mercredi ses délibérations, au lendemain d'une audience qui a permis aux deux géants du téléphone portable d'échanger leurs derniers arguments.

Apple, qui mène une véritable guerre au système d'exploitation mobile Android, a une nouvelle fois accusé Samsung d'avoir copié nombre de ses innovations.

L'avocat de Samsung Charles Verhoeven a répliqué en tentant de convaincre les jurés qu'un jugement favorable à Apple pourrait freiner la concurrence et pénaliser les consommateurs.

"Plutôt que de se battre sur le marché, Apple cherche à obtenir en justice un avantage concurrentiel", a-t-il ajouté. "(Apple pense) être en droit de détenir un monopole sur un écran rectangle aux angles arrondis doté d'un écran large. C'est vraiment incroyable!"

L'enjeu du conflit qui oppose les deux groupes au sujet de multiples brevets est en fait la suprématie sur le marché mondial des smartphones, dont ils détiennent ensemble plus de 50%.

Une victoire d'Apple pourrait avoir un impact sur l'ensemble du secteur car les téléphones portables de Samsung utilisent le système d'exploitation Android développé par Google, adopté par de nombreux autres industriels.

Avant son décès l'an dernier, le cofondateur d'Apple Steve Jobs avait déclaré à son biographe vouloir mener une guerre "thermonucléaire" contre Android.

Si le jury conclut que Samsung a violé des brevets détenus par Apple, la juge Lucy Koh, qui préside les audiences depuis bientôt quatre semaines, pourrait interdire la vente de plusieurs produits du sud-coréen aux Etats-Unis.

"LES CONSOMMATEURS FONT DES CHOIX, PAS DES ERREURS"

Mardi, Harold McElhinny, avocat d'Apple, a notamment appelé les jurés à prendre en compte le témoignage d'une salariée sud-coréenne qui a dit avoir travaillé jour et nuit pendant trois mois à la conception des téléphones portables de Samsung.

"Au cours de ces trois mois décisifs, Samsung a pu copier et intégrer les résultats de quatre ans d'investissements, de dur labeur et d'innovation d'Apple, sans prendre le moindre risque", a-t-il dit.

Outre une interdiction de vente, Apple réclame plus de 2,5 milliards de dollars (2,0 milliards d'euros) de dommages et intérêts à Samsung, auquel il reproche d'avoir délibérément copié le design et certaines fonctions de sa tablette iPad et de son téléphone iPhone.

De son côté, le sud-coréen accuse le californien d'avoir enfreint plusieurs de ses propres brevets.

Les deux entreprises ont fondé leurs argumentations sur des courriers électroniques internes, des témoignages d'ingénieurs et de designers, des démonstrations de produits et des maquettes.

Les audiences des trois dernières semaines ont été suivies de près par des dizaines de journalistes, juristes et analystes.

Devant les neuf membres du jury, Harold McElhinny a longuement évoqué mardi une réunion de février 2010 entre des responsables de Samsung et de Google au cours de laquelle Google a demandé à Samsung de cesser d'imiter trop exagérément l'iPad d'Apple.

"Les responsables de Samsung ont choisi d'ignorer cette demande et de continuer sur la voie de la copie", a-t-il dit.

Le défenseur de Samsung Charles Verhoeven a déclaré pour sa part qu'Apple n'avait pas été en mesure de prouver que les acheteurs de produits du sud-coréen croyaient en fait acheter un iPad ou un iPhone.

"Les consommateurs font des choix, pas des erreurs", a-t-il dit, jugeant en outre "ridicules" les demandes d'indemnisation du groupe à la pomme.

Un autre avocat d'Apple, Bill Lee, a assuré pour sa part que l'intention du géant américain n'était pas d'évincer Samsung du marché des smartphones.

"Tout ce que nous disons, c'est: 'Faites les vous-mêmes'", a-t-il résumé. (Marc Angrand pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : Samsung Electronics Co., Ltd., Google Inc, Apple Inc.