Alors qu'il jugeait cette activité non stratégique depuis 2007, le leader mondial de la production, transformation et distribution de matériaux de construction avait dû interrompre brutalement son IPO à cause des turbulences rencontrées deux ans plus tôt sur les marchés financiers.

Il a annoncé lundi avoir reçu une offre "ferme et irrévocable" de l'irlandais Ardagh sur la partie nord-américaine de l'activité pour un montant de 1,694 milliard de dollars (environ 1,275 milliard d'euros).

"Cette offre constitue une excellente opportunité de franchir une nouvelle étape dans la mise en ?uvre de la stratégie de recentrage des activités du groupe sur les métiers de l'habitat", a explique Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, dans un communiqué. "Le produit de la vente permettrait principalement de renforcer le bilan du groupe, tout en poursuivant sa politique ciblée d'acquisitions de taille petite ou moyenne."

Le groupe, sur lequel Standard & Poor's a abaissé fin octobre sa perspective de notation de la dette à négative tout en maintenant sa note à "BBB", avant-dernier cran avant la catégorie "junk", souffre du marasme qui sévit sur le marché européen de la construction, mais aussi dans le secteur automobile, auquel il est exposé via son activité vitrage.

A la fin du premier semestre, l'endettement net est ressorti en hausse de 8,5% sur un an à 9,8 milliards d'euros.

"Les termes de l'opération avec Ardagh sont plutôt bons, c'est intéressant du point de vue stratégique", commente un analyste du secteur sous couvert d'anonymat. "Maintenant, il reste à voir comment la macroéconomie va impacter les résultats futurs, surtout en France."

Vers 10h45, l'action Saint-Gobain s'adjuge 3,2% à 32,73 euros. A la même heure, l'indice des valeurs européennes du secteur prend 0,74%, tandis que l'indice CAC 40 de la Bourse de Paris gagne 0,44%.

MEILLEURE AFFAIRE QUE L'IPO

Maintenant qu'il est entré en négociations exclusives avec le groupe irlandais de conditionnement en verre Ardagh, Saint-Gobain espère boucler la cession de Verallia North America d'ici six à neuf mois.

Le montant de l'offre représente 6,5 fois l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de l'activité en 2012, soit environ 261 millions de dollars, a précisé le groupe.

"Cette offre (...) valorise dans de très bonnes conditions, supérieures à ce qui était envisagé lors du projet de mise en bourse de 2011, nos activités américaines de conditionnement", a-t-il également souligné.

L'introduction en Bourse de Verallia avait été suspendue en juin 2011 en raison de la situation dégradée des marchés. Saint-Gobain espérait à l'époque retirer 958 millions d'euros de la mise sur le marché de 40% du capital de Verallia.

"Le prix annoncé lundi correspondant à 30% de l'Ebitda total de Verallia, cela implique que le reste de l'activité serait valorisé à 4,3 milliards d'euros, bien au-dessus des estimations faites lors de l'IPO", commente un trader parisien sous couvert d'anonymat.

Verallia North America, deuxième producteur de bouteilles, pots et bocaux en verre aux Etats-Unis après Owens-Illinois, a réalisé en 2012 un chiffre d'affaires de 1,621 milliard de dollars (1,21 milliard d'euros) et un résultat d'exploitation de 171 millions de dollars. La société, qui dispose de 13 sites industriels, emploie plus de 4.400 personnes.

Avec Blaise Robinson, édité par Jean-Michel Bélot

par Cyril Altmeyer et Gilles Guillaume