Paris (awp/afp) - Le déficit public de la France a reculé en 2018, s'établissant à nouveau sous la barre des 3% du PIB sur fond de croissance revue à la hausse. Un motif de satisfaction pour le gouvernement alors qu'un nouveau dérapage se profile pour 2019.

Selon une première estimation publiée mardi par l'Insee, le solde des comptes publics, mêlant le budget de l'Etat, celui de la Sécurité sociale et ceux des collectivités locales, s'est établi à 2,5% du produit intérieur brut, soit 59,6 milliards d'euros.

Ce chiffre est en recul de 0,3 point par rapport au déficit public de 2017, revu à la hausse par l'Insee de 2,6% à 2,8% du PIB. Il est en outre inférieur aux prévisions du gouvernement, qui avait dit en janvier s'attendre à un solde à 2,6%.

"C'est toujours mieux d'être à zéro, mais effectivement la politique économique du président de la République fonctionne, elle fonctionne bien", a réagi le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, interrogé sur RTL.

Ce résultat, atteint à la faveur d'une croissance légèrement plus dynamique que prévu, à 1,6% au lieu des 1,5% jusque-là annoncés par l'Insee, a permis à la dette publique de se stabiliser à 98,4% du PIB, soit exactement le même niveau qu'en 2017.

Exprimée en chiffres bruts, la dette des administrations publiques a néanmoins progressé, pour atteindre 2.315 milliards d'euros contre 2.258 milliards en 2017, souligne l'institut national de la statistique.

"En stabilisant la dette publique et en réduisant plus que prévu notre déficit à 2,5% en 2018, nous avons mis fin à la dérive continue de nos finances publiques depuis plus de 10 ans", s'est félicité sur twitter le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

"Il faut continuer notre travail", a insisté de son côté Gérald Darmanin, en rappelant que les comptes publics avaient été dégradés par la reprise de la dette de la SNCF. "La dette s'est stabilisée, alors même qu'on a mis la SNCF à l'intérieur. Donc, en fait, elle a baissé", a-t-il jugé.

"Le chemin de la décrue"

Dans son projet de loi de finances initial, l'exécutif avait prévu une baisse du déficit plus ambitieuse, à 2,3% du PIB. Mais le ralentissement de l'activité, après une croissance à 2,3% en 2017, l'avait obligé à abaisser sa prévision à 2,7%, puis 2,6% du PIB.

Selon l'Insee, l'amélioration des comptes publics s'explique notamment par des recettes de l'Etat et des collectivités plus dynamiques. Ces dernières ont grimpé de 2,3% l'an dernier malgré les baisses d'impôts mises en place par le gouvernement.

Rapporté au PIB, le taux de prélèvements obligatoires a reculé de 0,2 point (45%), à la faveur notamment de la baisse de la taxe d'habitation pour 80% des ménages, de la suppression des cotisations salariales et de la suppression de l'ISF.

Les dépenses ont de leur côté ralenti, grâce à une moindre progression des dépenses de fonctionnement, en hausse de 1,4% après +2,6% en 2017. Le poids des dépenses dans le PIB français a ainsi reculé de 0,4 point, pour atteindre 56%.

Le gouvernement a notamment bénéficié de l'effort des collectivités locales, qui ont affiché un excédent de 700 millions d'euros, et des organismes de sécurité sociale, dont le déficit a été divisé par quatre, à 1,2 milliard d'euros.

Une dynamique bienvenue pour le gouvernement, confronté à une équation budgétaire beaucoup plus compliquée que prévu pour l'année 2019.

En raison des mesures d'urgence annoncées face au mouvement des "gilets jaunes", Bercy a en effet dû revoir à 3,2% sa prévision de déficit, déjà grévée par la transformation du CICE en baisse de charges, qui coûtera cette année 20 milliards d'euros aux finances publiques.

Selon plusieurs économistes, le dérapage pourrait être encore plus important: le gouvernement a en effet bâti sa prévision sur une hypothèse de croissance de 1,7%. Or cette dernière est désormais attendue à 1,4%, et reste sous la menace du ralentissement mondial.

Un retour ponctuel du déficit public au-dessus de la barre des 3% n'est "pas problématique" mais il faudra "que le chemin de la décrue des déficits et du recul de la dette reprenne son cours" après 2019, a prévenu le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.

afp/jh