Le président élu exercera ses fonctions pendant les cinq à sept prochaines années, une période critique tant pour le climat que pour l'organisation, les températures devant bientôt dépasser de 1,5 Celsius les niveaux de l'ère préindustrielle.

Quatre candidats, dont les premières femmes en 35 ans d'existence du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), sont en lice pour le poste suprême à Nairobi. Des dizaines d'autres membres du bureau seront également nommés.

Le GIEC est chargé de rédiger des rapports détaillés qui sont considérés comme la source la plus fiable de connaissances scientifiques sur le changement climatique. Tous les candidats s'efforcent de promouvoir la diversité au sein d'un organisme dont les deux tiers des scientifiques sont des hommes.

QUI SE PRÉSENTE ?

- Jean-Pascal van Ypersele (Belgique), physicien impliqué dans les travaux du GIEC en tant qu'auteur et vice-président depuis 1995, se présente pour la deuxième fois à ce poste. Amoureux de la nature, il a envoyé une lettre émouvante à ses arrière-petits-enfants au sujet de la perte de biodiversité et a publié une photo de campagne au sommet du Mont Blanc dans laquelle il s'engage à "mener le GIEC vers de nouveaux sommets".

Il a conseillé la présidence des Fidji lors des dernières négociations des Nations unies sur le climat et a mis l'accent sur la justice climatique. Il a déclaré à Reuters que les messages du GIEC devaient être plus pertinents pour les décideurs politiques.

- Thelma Krug (Brésil), une mathématicienne qui a dirigé les efforts de surveillance de la déforestation en Amazonie, a déclaré à Reuters qu'elle avait été inspirée par l'élection du président Luiz Inacio Lula da Silva, qui a fait de la question du changement climatique une priorité.

Mme Krug, qui est devenue la première femme vice-présidente du GIEC en 2015, serait également la première présidente latino-américaine. Elle a déclaré à Reuters qu'elle avait relevé des défis professionnels, notamment en finançant son diplôme tout en élevant un enfant. Si elle est élue, elle cherchera à renforcer la représentation régionale et à promouvoir la science dans des langues autres que l'anglais.

- Debra Roberts (Afrique du Sud), spécialiste des sciences naturelles et actuelle coprésidente du groupe du GIEC sur les impacts du changement climatique, est l'une des deux femmes candidates.

Elle vient d'être approuvée par l'Union africaine et, si elle est élue, elle sera la première présidente africaine. Sa vaste expérience pratique, notamment en matière de reboisement urbain, pourrait être un avantage, selon les analystes, d'autant plus que l'organisme produira bientôt un rapport sur les villes. Les travaux à venir du GIEC "peuvent éclairer plus de décisions concrètes que jamais auparavant", a-t-elle déclaré à Reuters.

- Jim Skea (Royaume-Uni), professeur d'énergie durable qui a coprésidé les travaux du GIEC sur l'atténuation du changement climatique, a commencé à travailler pour le GIEC il y a 30 ans. "Je pense savoir comment tirer les ficelles pour faire avancer les choses", a-t-il déclaré.

M. Skea a déclaré qu'il était important que les futurs rapports abordent les scénarios de dépassement, c'est-à-dire la manière de se préparer et de réagir à une situation où les limites de réchauffement fixées par l'accord de Paris seraient dépassées, et qu'ils explorent toutes les options d'atténuation par le biais de la technologie. Il dirige la commission écossaise "Just Transition" et met en avant son expérience en matière de recherche de consensus dans les négociations.

QU'EST-CE QUE LA CIPC ET POURQUOI CE TRAVAIL EST-IL IMPORTANT ?

Créé par deux organes des Nations unies en 1988, le GIEC produit des rapports objectifs et complets, considérés comme la source la plus autorisée de connaissances scientifiques sur le changement climatique.

Ces rapports émanent de trois groupes de travail qui traitent de la science du changement climatique, de ses effets et des moyens de les atténuer. Avec ces élections, le GIEC entre dans sa septième série d'évaluations.

Le président du GIEC et le bureau ont la possibilité de définir le programme de recherche, qui comprend souvent des rapports spéciaux supplémentaires sur des sujets spécifiques. Par exemple, le président actuel, Hoesung Lee, a mis l'accent sur les solutions au changement climatique depuis son entrée en fonction en 2015.

Le président doit posséder une rare combinaison de compétences scientifiques et diplomatiques, notamment pour obtenir l'approbation des gouvernements pour les résumés des rapports.

Ces rapports servent de base aux négociations internationales sur le climat, telles que les sommets annuels des Nations unies sur le climat, les "réunions de la COP".

COMMENT FONCTIONNE LE VOTE ?

L'élection du président se fait à huis clos et à bulletin secret. Une majorité simple est nécessaire et si aucune n'est obtenue au premier tour, les deux meilleurs candidats s'affrontent lors d'un autre tour.

Les 195 États membres votent et les résultats sont attendus mercredi ou jeudi.