L'incident aurait pu conduire l'appareil à s'écraser si les compétences exceptionnelles des pilotes ne leur avaient pas permis de réussir un atterrissage forcé particulièrement délicat, souligne l'Australian Transport Safety Bureau (ATSB).

L'A380 concerné transportait 433 passagers et 26 membres d'équipage le 4 novembre 2010 lorsque l'un de ses quatre réacteurs a explosé en vol, quelques minutes après le décollage de Singapour pour Sydney.

Les pilotes ont alors fait demi-tour pour atterrir à Singapour dans des conditions très difficiles.

L'avion s'était immobilisé à 150 mètres seulement du bout de la piste, avec quatre pneus éclatés et des disques de freins chauffés à 900 degrés alors que des débris du réacteur accidenté avaient provoqué une fuite de carburant, troué une aile et endommagé les systèmes hydrauliques et électroniques.

Après l'incident, Rolls-Royce avait découvert que l'un des composants du réacteur, fabriqué au Royaume-Uni, ne répondait pas aux spécifications prévues. Cette pièce d'assemblage a percé des conduites d'alimentation du réacteur en kérosène, ce qui a conduit à l'explosion.

Pour l'ATSB, le groupe britannique a laissé passer plusieurs opportunités de détecter ce composant défectueux, pendant et après la phase de production.

"Ces opportunités ont été manquées pour diverses raisons, mais surtout à cause des ambiguïtés des procédures du fabricant et du non-respect de ces procédures par un certain nombre de salariés du fabricant", explique le rapport.

L'ATSB note néanmoins que la recommandation adressée à Rolls-Royce dès décembre 2010 a été suivie. Le groupe britannique fait désormais procéder à des vérifications spécifiques des conduites de carburant et d'air de tous les réacteurs Trent 900 des A380 et il a modifié ses procédures de contrôle qualité.

L'ATSB juge néanmoins que les normes internationales devraient encore être modifiées, l'incident de l'A380 de Qantas dépassant les règles en vigueur. Elle précise avoir transmis ses conclusions à ses homologues américaine et européenne.

De son côté, Rolls-Royce assure partager les conclusions du rapport et dit "avoir appliqué les leçons apprises (...) pour empêcher que ce type d'incidents ne se produise de nouveau".

Siva Govindasamy et James Regan, Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat