Le groupe pharmaceutique suisse a reconnu lundi que le Zelboraf, son traitement contre le cancer de la peau, avait subi un échec lors d'essais de phase III, alors que des traitements similaires mis au point par son concurrent Novartis ont atteint leurs objectifs.

Les analystes doutent aussi désormais des perspectives du lampalizumab, un médicament contre une forme avancée de dégénérescence maculaire liée à l'âge, qui a également échoué dans une autre étude clinique. Ce traitement était censé générer des ventes annuelles de plus de deux milliards de dollars (1,66 milliard d'euros).

Roche s'efforce de mettre au point de nouveaux traitements pour soutenir son activité en raison de l'arrivée sur le marché de biosimilaires venant concurrencer ses médicaments phares, le Rituxan, l'Herceptin et l'Avastin, ses trois "blockbusters" anticancéreux qui dégagent des ventes annuelles de 20 milliards de dollars.

Ses récents échecs lors d'essais en laboratoire, conjugués aux résultats décevants enregistrés cette année pour son traitement d'immunothérapie Tecentriq et sa combinaison Herceptin-Perjeta, soulignent les défis auxquels le groupe bâlois est confronté.

"Le lampalizumab aurait par exemple pu être un élément important pour la croissance des bénéfices de Roche au cours des cinq prochaines années", a déclaré David Evans, analyste de Kepler Cheuvreux.

"Son quasi retrait du portefeuille entraînera une pression supplémentaire sur les ventes de Roche et sur ses tentatives de préserver des marges même stables, au fur et à mesure de l'installation des biosimilaires".

L'action Roche reculait de 1,39% à 241,2 francs à 12h26 GMT, seule valeur en baisse de l'indice phare de la Bourse de Zurich, le SMI, lui-même en hausse de 0,61%.

Les analystes de Goldman Sachs ont réduit leur objectif de cours sur le titre à 325 francs contre 335 francs.

De nombreuses versions du Rituxan, également appelé MabThera, ont déjà été approuvées en Europe et sont en cours d'examen aux Etats-Unis tandis que des copies du Herceptin et de l'Avastin sont sur le point d'être commercialisées.

DE NOUVELLES APPROBATIONS

Malgré ces échecs, Roche a obtenu plusieurs approbations pour certains traitements, dont une pour l'Ocrevus, destiné aux patients atteints de sclérose en plaques et qui a généré un chiffre d'affaires de 192 millions de francs suisses (168,27 millions d'euros) au premier semestre.

La Food and Drug Administration (FDA), l'autorité sanitaire américaine devrait, d'ici mi-février, prendre une décision sur l'ACE910, un traitement contre l'hémophilie, qui pourrait accroître de plusieurs milliards les résultats de Roche.

Le laboratoire suisse, qui a relevé en juillet ses perspectives de chiffre d'affaires pour 2017, s'attend toujours à ce que ses nouveaux médicaments, notamment le Tecentriq, le Gazyva et le Perjeta, dopent la croissance de ses ventes malgré l'impact des biosimilaires.

Jeffrey Holford, analyste chez Jefferies, a minimisé l'échec des études cliniques, estimant que cela n'allait pas affecter la croissance des ventes du groupe bâlois.

"Le développement et le lancement d'autres nouveaux produits comme l'Ocrevus, le Tecentriq et l'ACE910, ont le potentiel de soutenir la croissance du groupe en dépit de la concurrence des biosimilaires", a-t-il déclaré.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par John Miller

Valeurs citées dans l'article : Roche Holding Ltd., Novartis