Bâle (awp) - Le groupe pharmaceutique Roche publie jeudi 3 février ses résultats pour l'exercice 2021. Une quinzaine d'analystes se sont prêtés pour AWP à l'exercice des prévisions en vue de l'élaboration d'un consensus:

2021E
(en mio CHF)        cons. AWP        2020A
              
ventes groupe         62'429        58'232
ventes Pharma         44'876        44'532
ventes Diagnostics    17'620        13'791

Ebit de base          22'845        21'536

(en CHF)
BPA de base            20,40         19,16
dividende/bon           9,42          9,10

FOCUS: concurrence de biosimilaires, des moteurs de ventes vieillissants et remblais du manque à gagner par l'essor de produits plus récents constituent depuis quelques années déjà la trame de la grande majorité des exercices de présentations financières de Roche. Le premier du genre en 2022 intégrera néanmoins des aspects moins répétitifs.

Les observateurs prêteront ainsi une attention particulière à l'évolution des recettes de la modeste mais dynamique subdivision Diagnostics, dopée depuis maintenant près de deux par les produits de détection du Sras-Cov-2 à l'origine de la crise sanitaire. La réponse de Roche à la menace pandémique intègre en outre depuis peu le Ronapreve, un cocktail d'anticorps développé par le laboratoire new-yorkais Regeneron et commercialisé hors Etats-Unis par la multinationale rhénane.

La question du financement pourrait aussi s'inviter dans les débats, dans le sillage de l'onéreux rachat par Roche de son entière indépendance vis-à-vis de Novartis.

OBJECTIFS: la direction a affiné en octobre son ambition de croissance pour l'ensemble de l'exercice écoulé autour de 5%, contre entre 1% et 5% jusqu'alors. Roche entend toujours faire évoluer sa rentabilité de base dans la même proportion que ses recettes, à changes constants. Les actionnaires peuvent toujours compter sur une progression de leur rémunération en francs suisses.

POUR MÉMOIRE: l'ultime trimestre avait débuté sur une note contrastée pour le laboratoire rhénan, entre l'obtention d'un statut de percée thérapeutique outre-Atlantique pour le ganténérumab développé contre la maladie d'Alzheimer et l'échec du développement par le partenaire massachussetais d'une pilule contre la Covid-19 pour laquelle les responsables de Roche nourrissaient ouvertement de grands espoirs.

Le géant pharmaceutique a néanmoins décroché le feu vert pour le cocktail d'anticorps Ronapreve sur le Vieux continent comme en Suisse en décembre. La franchise médicamenteuse Covid-19 a encore été agrémentée par l'aval de l'Agence européenne des médicaments (EMA) à une utilisation de l'Actemra/Roactemra (tocilizumab) contre les formes sévères de la maladie.

Du côté de Diagnostics, les lancements de tests Covid se multiplient, avec désormais aussi des produits combinés pour la grippe notamment. Il reste à voir si les ventes dans ce domaine qui s'essoufflaient entre juillet et fin septembre auront été revigorée par le variant Omicron.

Hors coronavirus, les franchises en oncologie et en ophtalmologie ont aussi enregistré des succès. L'anticancéreux à large spectre Tecentriq a ainsi conquis de nouvelles extensions d'indication, contre certains cancer du poumon aux Etats-Unis notamment. Le gendarme sanitaire au pays de l'oncle Sam (FDA) a aussi validé la demande pour le diagnostic d'accompagnement Ventana PD-L1, qui doit identifier les patients susceptibles d'être traités avec le Tecentriq.

Outre-Atlantique toujours, la FDA a autorisé la commercialisation du Suvismo contre la dégénérescence maculaire néovasculaire liée à l'âge (nDMLA).

Roche vient en outre de décrocher un feu vert aux USA pour le Vabysmo, jusqu'ici développé sous l'appellation faricimab, pour le traitement à la fois de la DMLA et l'oedème maculaire diabétique (OMD).

Le point d'orgue du trimestre écoulé aura néanmoins été le rachat annoncé en novembre, pour quelque 19 milliards de francs suisses, des 53,3 millions d'actions au porteur Roche que détenait son rival et voisin Novartis depuis le début du millénaire. Le président Christoph Franz avait dans la foulée assuré dans la presse que le béhémoth pharmaceutique n'aurait pas besoin de se "serrer la ceinture".

L'opération permet aux héritiers des fondateurs de la multinationale de célébrer les 125 ans de sa création en voyant leurs droits de vote passer d'une courte majorité à 67,5%, sans devoir délier la bourse.

Au rang des acquisitions encore, Roche a finalisé début décembre la reprise de son partenaire allemand TIB Molbiol, spécialisé dans les tests rapides de dépistage de maladies infectieuses.

COURS DU TITRE: le bon de jouissance, qui contrairement aux actions au porteur ne confère à ses détenteurs aucun droit au chapitre, observe depuis le début de l'année un repli de quelque 5%, après s'être enrobé en 2021 de plus de 22%. La performance est comparable à l'évolution du Swiss Market Index (SMI) sur les mêmes périodes, mais nettement plus probante que celle du concurrent Novartis.

site web: www.roche.com

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