par Cyril Altmeyer

Le groupe de chimie de spécialités a précisé s'attendre à une croissance de 5 à 10% de son Ebitda récurrent en 2011, après un bond de 77% à 905 millions d'euros l'an passé, en ligne avec son objectif, mais légèrement en deçà des attentes du marché.

CM-CIC, même s'il salue le "tournant positif" des résultats 2010 de Rhodia, a abaissé sa recommandation d'achat à conserver.

"Les prévisions 2011 nous paraissent déjà intégrées dans le consensus et le potentiel de hausse sur notre objectif de cours de 24 euros est désormais plus limité", précise l'intermédiaire.

Le titre perdait plus de 2% à 21,635 euros quelques minutes après l'ouverture de la Bourse de Paris.

Le groupe dégage une marge d'Ebitda récurrente de 17,3% en 2010 contre 12,1%, notamment grâce à son "pricing power" favorable, qu'il compte conserver cette année.

Rhodia, qui a dégagé un bénéfice net record part du groupe de 259 millions contre une perte en 2010, versera un dividende de 0,5 euro par action contre 0,25 euro en 2009.

"Ces résultats record ne sont pas un feu de paille, ils sont une nouvelle référence en matière de rentabilité et nous avons l'ambition de la dépasser en 2011", a déclaré son PDG Jean-Pierre Clamadieu lors d'une conférence téléphonique. "Je suis optimiste parce que nous voyons une croissance mondiale globalement très satisfaisante".

En réponse à une question, il a également précisé qu'il n'était pas "partie prenante" au processus de sélection d'un successeur à Anne Lauvergeon à la tête d'Areva.

Le chiffre d'affaires du groupe a progressé l'année dernière de 21% à structure et taux de conversion constants à 5,226 milliards d'euros. La forte hausse généralisée de la demande lui a permis d'augmenter ses volumes de 14% comparé à 2009.

PAYS ÉMERGENTS EN LIGNE DE MIRE

Le groupe a particulièrement bénéficié de la croissance son activité de polyamide, sa première division, destinée aux secteurs de l'automobile, des composants électriques et électroniques, des vêtements de sport et des loisirs.

Rhodia, qui vise un Ebitda annuel supérieur à un milliard d'euros hors crédits carbone à l'horizon 2013-2015, compte accélérer sa croissance dans les pays émergents, qui représentent déjà près de la moitié de son chiffre d'affaires.

Le groupe, qui a acquis en 2010 le chinois Feixiang Chemicals, spécialiste des amines et tensioactifs dont il veut doubler l'activité d'ici 2015, confirme examiner les opportunités d'acquisitions ciblées avec une intégration facile.

Le suisse Clariant a de son côté annoncé la semaine dernière un retour aux bénéfices en 2010 et le rachat de son concurrent allemand Süd-Chemie pour une valeur totale de deux milliards d'euros, dette comprise, sa plus grosse acquisition en dix ans.

Rhodia a quasiment réduit de moitié son ratio dette nette/Ebitda à 1,3 fois fin 2010 contre 2,1 fois fin 2009.

Rhodia compte investir entre 330 et 350 millions d'euros en 2011 - plus que les 270 millions effectués en 2010, principalement dans les pays émergents, notamment en Chine et au Brésil.

Jean-Pierre Clamadieu a également précisé que le groupe comptait sortir à la mi-mars de la "force majeure" déclarée début février sur son site de Chalampé (Haut-Rhin) à la suite de graves difficultés d'approvisionnement qui sont en train d'être résolus.

Il a ajouté que le groupe serait "largement capable" de compenser l'impact de cet événement sur l'année.

Edité par Jean-Michel Bélot