PARIS (Agefi-Dow Jones)--Carlos Ghosn, le tout puissant patron de l'Alliance Renault-Nissan, peut être satisfait. Alors qu'il considérait que la participation de 4,73% acquise en avril 2015 par l'Etat au capital du groupe Renault constituait un frein à la progression du titre du constructeur français, l'Agence des participations de l'Etat (APE) a annoncé jeudi soir la cession du bloc en question constitué de 1,4 million de titres.

La transaction, sous forme d'un placement institutionnel avec constitution accélérée du livre d'ordres, "rapportera à l'Etat 1,21 milliard d'euros", indique l'APE. "Cette opération est un succès stratégique, obtenu dans des conditions patrimoniales favorables puisque l'Etat enregistre une plus-value de plus de 55 millions d'euros", s'est félicité le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

Alors que l'Etat est régulièrement pointé du doigt pour son manque d'efficacité et de clairvoyance dans son rôle d'actionnaire, il a profité de la remontée progressive de l'action Renault en septembre, puis d'un ultime rebond depuis le 25 octobre.

Le titre Renault a clos la séance de jeudi à 86,60 euros (stable). Une vente à ce cours représente 1,2124 milliard d'euros. A cela, il convient d'ajouter les dividendes reçus pendant les deux ans et demi de détention. Selon un document du Sénat pour le projet de loi de Finances 2016, l'Etat avait acquis les titres en avril 2015 pour un montant de 1,258 milliard d'euros.

Si l'Etat n'a jamais annoncé le prix auquel il avait acquis les titres, le cours du titre approchait alors les 86 euros et le prix de référence avait été fixé à 85,26 euros lors de la signature le 7 avril 2015 du contrat d'options conclu avec Deutsche Bank, qui agissait pour le compte de l'Etat. Dès lors, l'action ne parvenait pas à dépasser franchement les 86 euros, les investisseurs vendant de crainte de subir un effet plus violent encore lié à la vente du bloc.

L'APE rappelle qu'à l'issue de la transaction, l'Etat reste le premier actionnaire de Renault, avec 15,01% des parts. Il avait acquis 4,73% supplémentaires pour s'assurer de ne pas voir ses droits de vote double - instaurés par la loi Florange de 2014 - retoqués en assemblée générale.

Au-delà de ces considérations, l'Etat poursuit son programme de cession de 10 milliards d'euros d'actifs détenus dans des entreprises françaises, annoncé en juillet, afin de financer le fonds pour l'innovation voulu par le président Emmanuel Macron. Renault, dans le cadre de son programme de rachat d'actions, a acquis 10% des titres cédés jeudi pour les proposer ultérieurement à ses salariés et anciens salariés.

-Antoine Landrot, L'Agefi. ed: VLV

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