par Bill Berkrot et Ransdell Pierson

Wyeth dispose d'activités lucratives dans les vaccins et les biotechnologies et aucun des principaux brevets qu'il détient n'est menacé d'une expiration prochaine, ce qui en fait une cible de choix pour les géants du marché, confrontés à la concurrence des médicaments génériques et parfois handicapés par des déconvenues dans le "pipeline" de produits en développement.

"Tous les groupes pharmaceutiques sont désespérés, donc il se pourrait que quelqu'un autre passe à l'action dans ce dossier", estime Jon LeCroy, analyste de Natixis Bleichroeder.

"Le plus probable, c'est sans doute que certains autres groupes fassent des offres, et Bristol est le nom qui circule en ce moment", a-t-il ajouté à propos de Bristol-Myers Squibb, que plusieurs analystes considèrent comme une proie potentielle.

Schering-Plough est lui aussi considéré comme une cible possible car il sera relativement peu exposé à la concurrence générique sur la période 2011-2012, durant laquelle de nombreux grands laboratoires verront expirer les brevets de plusieurs de leurs principaux médicaments.

"Un accord entre Pfizer et Wyeth devrait marquer le commencement d'une année de consolidation du secteur et pourrait déclencher d'autres opérations entre groupes pharmaceutiques ou entre pharmacie et biotechnologie", écrit Catherine Arnold, analyste de Credit Suisse, estime dans une .

"Parmi les autres sociétés qui, selon nous, pourraient s'intéresser à Wyeth figurent Novartis, Merck et Sanofi-Aventis."

AUBAINE POUR L'ACTIONNAIRE, DANGER POUR L'EMPLOI

Wyeth subira l'an prochain l'impact de l'expiration du brevet de l'Effexor XR, un anti-dépresseur, son anti-ulcéreux Protonix est déjà confronté à la concurrence de génériques et il a subi des retards ou des refus des autorités pour plusieurs de ses produits en phase expérimentale. Mais le groupe n'est pas pour autant privé d'arguments dans ses discussions avec Pfizer, en dépit du statut de numéro un mondial de ce dernier.

"Pfizer ne peut pas faire irruption dans le rôle du chevalier blanc et les enlever pour un prix modeste", souligne Damien Conover, analyste de Morningstar. "Je pense que (Wyeth) acceptera un juste prix, mais pas une prime minime."

Les actionnaires de Wyeth ne devraient pas s'opposer à une offre de rachat, qu'elle émane de Pfizer ou d'un autre prétendant.

"Notre sentiment, c'est que certains actionnaires de Wyeth attendaient déjà le jour où Wyeth se ferait racheter", explique Tim Anderson, de Sanford Bernstein, dans une note à ses clients.

"Cela implique que même sans le consentement de Wyeth, Pfizer (...) pourrait trouver une oreille attentive chez les actionnaires de base."

LeCroy (Natixis) note pour sa part qu'une offre serait une aubaine pour les actionnaires Wyeth: le titre a fini à 38,83 dollars jeudi à Wall Street, avant les premières informations sur les discussions avec Pfizer, mais il a bondi de 12,64% vendredi, pour finir à 43,74 dollars. Il était tombé à 28,07 dollars l'an dernier.

"Si Pfizer finit par leur présenter une offre, (l'action Wyeth) va nettement monter par rapport aux cours récents", estime l'analyste.

Les perdants en cas de rachat risquent par contre d'être les 47.500 salariés de Wyeth, du moins une bonne partie d'entre eux.

"Ils vont couper jusqu'à l'os dans Wyeth", prédit LeCroy en référence à la probable volonté de réduction des coûts de Pfizer s'il rachète le groupe.

"C'est mauvais pour le secteur et pour l'économie dans son ensemble parce que l'on va assister à des suppressions d'emplois massives dans l'industrie pharmaceutique", souligne-t-il.

"On a déjà beaucoup vu ça et cela va encore augmenter si ce genre de fusion commence à se faire, donc d'une certaine manière cela finit par désavantager tout le monde."

Avec la contribution de Lewis Krauskopf, version française Marc Angrand