par Tim Hepher

La compagnie s'est engagée la veille à acheter 180 appareils de la famille A320, ce qui représente la plus importante commande dans l'histoire de l'aviation civile pour des avions de plus de 100 sièges, selon Airbus, et offre au constructeur une longueur d'avance sur l'américain Boeing dans leur course annuelle aux meilleures ventes.

Ce contrat souligne en outre l'essor de l'Inde comme grand marché aérien et offre un soutien bienvenu à Louis Gallois, président exécutif d'EADS, qui a engagé le développement du groupe vers les pays émergents.

"C'est la meilleure manière de commencer l'année. Je ne peux pas sous-estimer la taille et l'importance de cet accord", a déclaré ce dernier lors de ses voeux à la presse.

Le dirigeant du groupe européen d'aéronautique et de défense a également laissé entrevoir d'autres bonnes nouvelles à venir, en annonçant qu'Airbus avait dépassé les 500 commandes et les 500 livraisons en 2010, ce qui lui laisse une chance de dépasser Boeing.

Le constructeur européen avait rapporté jusqu'à présent avoir obtenu 388 commandes nettes d'avions à la fin novembre, ou 440 avant annulations. Il a livré 461 appareils sur cette même période.

Boeing a enregistré 530 commandes nettes et 462 livraisons sur l'ensemble de l'année 2010.

L'action EADS a touché un plus haut de trois ans en séance, et a clôturé sur une progression de 2,12% à 20,495 euros après avoir affiché jusqu'à 6% de hausse.

La commande d'IndiGo inclut 30 A320 classiques, le modèle d'Airbus le plus vendu avec ses 150 places destinées aux court et moyen-courrier, ainsi que 150 exemplaires de sa nouvelle version remotorisée A320neo, qui doit être lancée en 2016.

Selon les analystes de la banque DZ, qui recommandent la vente sur le titre, les investisseurs devraient néanmoins rester prudents concernant la rentabilité d'EADS à court terme, sur fond de coupes dans les budgets de défense et de risques de retards dans le lancement de l'A350, le futur concurrent du Boeing Dreamliner -- dont le programme fait lui-même l'objet de retards.

La première livraison de cette commande record est prévue en 2015 et IndiGo envisage plusieurs options, notamment une entrée en Bourse, afin de financer cet accord.

"Ce contrat confirme complètement ma conviction selon laquelle EADS mérite de figurer parmi les valeurs à privilégier en 2011. Je crois que le cours peut doubler dans les 18 prochains mois", a dit de son côté un trader basé à Paris.

LA RENTABILITÉ DEVRAIT SE REDRESSER EN 2012

Confirmant ce sentiment, Louis Gallois a déclaré mercredi s'attendre à voir la rentabilité d'EADS se redresser à partir de 2012, après avoir subi d'importants coûts de couverture de change et de programmes et souffert des restrictions budgétaires gouvernementales.

Selon lui, le groupe aura un résultat d'exploitation ajusté 2011 du même ordre que celui de l'objectif fixé pour 2010, soit au moins 1,1 milliard d'euros, contre une perte de 322 millions d'euros enregistrée en 2009.

Louis Gallois a néanmoins jugé que ce niveau de résultat n'était "pas satisfaisant" en raison des effets de changes et des coûts élevés qui pèsent sur l'activité du groupe.

Il a ajouté qu'EADS était en bonne voie pour parvenir à son objectif de long terme de 80 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2020 et que la croissance viendrait surtout de pays hors d'Europe.

Louis Gallois a également indiqué que le programme du très gros porteur A380 était "tiré d'affaire" et qu'Airbus construirait deux A380 par mois cette année. Les premières livraisons de l'A350, quant à elles, devraient commencer au second semestre 2013.

Le patron du groupe d'aéronautique et de défense a balayé la question de sa succession en 2012, très sensible politiquement, estimant que cela ne constituait pas un problème à ce jour.

Avec Pascale Denis, Jean Décotte pour le service français, édité par Nicolas Delame