Les ventes du numéro deux mondial des vins et spiritueux, propriétaire du cognac Martell, du whisky Chivas Regal ou de la vodka Absolut, ont totalisé 1,743 milliard d'euros sur la période, troisième trimestre de son exercice décalé, signant une hausse de 2% en données publiées.

A taux de change constants, la croissance ressort à 6%, inférieure à la moyenne de 7,3% attendue par les analystes, après une progression de 5% au premier semestre. Mais corrigée des effets techniques liés aux évolutions des stocks en France (des déstockages massifs étaient intervenus l'an dernier, liés à la hausse des taxes sur les spiritueux), la croissance décélère fortement, à 3%.

Le tassement de la croissance s'explique principalement par la Chine, deuxième marché du groupe (13% du chiffre d'affaires), où les ventes ont accusé une baisse de 2% après une progression de 18% au premier semestre.

Pernod avait averti que ses ventes pour le nouvel an chinois avaient été moins bonnes qu'en 2012, mais le marché n'avait pas anticipé un tel recul.

Ces chiffres sont sanctionnés en Bourse, où le titre Pernod Ricard signe la plus forte baisse du CAC 40 et cède 2,2% à 94,78 euros à 14h15, alors que l'indice avance de 0,2%.

"Le recul a été plus fort qu'attendu en Asie, et l'Amérique est elle aussi inférieure aux prévisions", notent les analystes de Citi.

Le directeur financier du groupe, Gilles Bogaert, a précisé à Reuters que la demande en Chine était impactée par un contexte économique moins favorable et un changement des comportements depuis l'arrivée au pouvoir de la nouvelle équipe gouvernementale.

La politique "anti-luxe" de Pékin joue sur les cadeaux d'affaires et incite à une consommation moins ostentatoire, alors que les cognacs haut de gamme ont fortement tiré la croissance des groupes de spiritueux ces dernières années.

EFFET DE BASE FAVORABLE EN FRANCE

Gilles Bogaert a cependant précisé s'attendre, sur l'ensemble de l'exercice 2012-2013, à une progression des ventes en Chine comprise entre 9% et 11%.

La croissance du groupe dans l'ensemble des pays émergents marque elle aussi le pas (+2% après une progression de 11% au premier semestre) et décélère également sur le continent américain (+4% après 6% sur six mois).

Aux Etats-Unis, premier marché de Pernod (15% des ventes), la dynamique a aussi ralenti (+5% après 9% au premier semestre), mais Gilles Bogaert a tenu à préciser qu'il y avait eu des "décalages d'expéditions", et que la baisse ne témoignait pas d'une "inflexion des tendances sous-jacentes".

A l'inverse, les tendances se sont améliorées en Europe de l'Ouest (+2%, après un recul de 1% sur six mois), tandis qu'en France, la croissance a bondi de 86%, grâce à un effet de base très favorable (les ventes avaient chuté au troisième trimestre de l'an dernier en raison de déstockages massifs).

Malgré ces chiffres, le groupe a sans surprise confirmé son objectif de progression d'environ 6% du résultat opérationnel courant 2012-2013. Bien que certains analystes ne s'attendent pas à un quatrième trimestre particulièrement brillant, ils rappellent que Pernod dispose d'une importante marge de man?uvre pour limiter, si besoin, ses dépenses de marketing et préserver ainsi ses résultats.

Diageo, numéro un mondial du secteur, a vu sa croissance organique ressortir à 4% de janvier à mars.

Edité par Dominique Rodriguez

par Pascale Denis et Dominique Vidalon