Les chaînes françaises pourraient améliorer de 10% à 15% leurs recettes publicitaires par rapport à un Euro 2016 organisé hors de l'Hexagone, selon Philippe Nouchi, directeur d'expertise média chez Reload (groupe Publicis).

"L'engouement populaire entraîne généralement plus d'audience, et pas seulement sur les matches de l'équipe de France, du coup le pays s'approprie l'évènement dans son ensemble", a-t-il souligné, citant les exemples des Coupes du monde de rugby en 2007 et de football en 1998.

TF1 et M6 avait déboursé chacun quelque 50 millions d'euros pour retransmettre l'Euro 2008, accroissant leur coût de grille, mais n'avaient pas récupéré leur mise.

Selon le cabinet NPA Conseil, les investissements publicitaires bruts de l'Euro 2008 avaient totalisé 64 millions d'euros dont 55% pour TF1 et 45% pour M6.

Les matches des grandes compétitions de football comme l'Euro constituent toutefois une vitrine indispensable pour les grandes chaînes nationales en clair, même si elles n'entrent pas forcément dans leurs frais.

Liée à une perspective encore lointaine, l'annonce n'a pas fait réagir les actions de TF1 et M6, en hausse de 0,3% et 0,6% respectivement vers 14h15, sous-performant même l'indice paneuropéen des médias qui gagne 1%.

Pour Canal+, en revanche, le lancement d'un vaste chantier de construction et la rénovation d'une dizaine de stades en France à l'occasion de l'Euro 2016 constitue une double bonne nouvelle, a déclaré à Reuters Cyril Linette, directeur des sports de la chaîne cryptée.

"Cela nous donne deux motifs d'espoir : en tant que producteur télévisé que les clubs évoluent dans des enceintes modernisées, car c'est un élément important du spectacle, et en tant que bailleurs de fonds, la possibilité pour les clubs de développer leurs recettes et d'atténuer la pression qui s'exerce à chacun des appels d'offres", a-t-il noté.

Canal+ a payé 465 millions d'euros pour les droits de la Ligue 1 pour la période 2008-2012, tandis qu'Orange a versé 203 millions, s'octroyant notamment le grand match du samedi soir.

La filiale de France Télécom, dont la politique d'exclusivités est remise en question, s'interroge désormais sur sa stratégie en matière de contenus. La Ligue de football professionnel (LFP), peu désireuse de se retrouver en tête à tête avec Canal+ si Orange se retirait, compte de son côté lancer sa propre chaîne, probablement sur la télévision numérique terrestre (TNT).

Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot