par Marie Mawad

Cet ingénieur de 67 ans, qui a pris la place de Thierry Breton à la tête de l'opérateur en 2005, a modernisé le groupe en multipliant les offres innovantes et en le menant notamment sur le terrain des contenus face à une concurrence accrue dans la téléphonie fixe.

Il a toutefois été affaibli ces derniers mois par la vague de suicides de salariés de l'entreprise, qui avait déjà failli lui coûter son poste à l'automne dernier.

"Ce n'est pas quand le bateau est dans la tempête que le capitaine quitte le navire", affirmait-il au Figaro en octobre.

Accroché à sa position de P-DG en dépit des appels à la démission de l'opposition et de certaines organisations syndicales, Didier Lombard cédera finalement la direction exécutive à Stéphane Richard.

Il restera président de l'opérateur télécoms jusqu'en juin 2011 mais le passage de flambeau accéléré à la direction générale ressemble à une "mise au placard" pour ce dirigeant, que plusieurs proches dans l'entreprise disent isolé depuis quelques temps déjà.

Entré pour la première fois chez l'opérateur historique en 1967, Didier Lombard revient au sein d'un France Télécom privatisé en 2003, après un passage aux ministères de la Recherche puis de l'Industrie.

C'est alors un retour aux sources pour ce diplômé de l'Ecole polytechnique et de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications, qui a débuté sa carrière à la Direction départementale des télécommunications en tant qu'ingénieur au Centre national d'études des télécommunications (CNET).

Didier Lombard devient directeur exécutif délégué de France Télécom sous Thierry Breton avant d'être nommé P-DG de l'opérateur en 2005.

TRANSFORMATION INDUSTRIELLE

Lorsque Didier Lombard arrive à la tête de l'opérateur télécoms, celui-ci est très endetté, à hauteur de 50 milliards d'euros, et réalise encore l'essentiel de son chiffre d'affaires dans la téléphonie fixe classique où il est fortement attaqué par les fournisseurs d'accès à internet.

Le P-DG lance alors le plan Next, qui inaugure les objectifs de cash flow et de dividende qui donneront une assise financière solide au groupe.

L'opérateur tire son épingle du jeu face à la nouvelle concurrence à coups d'offres commerciales innovantes et, en quatre ans, la dette est réduite à environ 35 milliards d'euros, résorbant une partie de ce qui avait été accumulé avant l'explosion de la bulle internet.

France Télécom met aussi en place une politique drastique de réduction de coûts. Plus de 20.000 emplois ont été supprimés depuis 2005, dans un groupe qui compte un peu plus de 100.000 employés en France et environ 185.000 personnes au total dans le monde.

RATTRAPÉ PAR LE SOCIAL

Les méthodes de management de l'opérateur se retrouvent toutefois sous les feux des projecteurs à l'été 2009 lorsqu'une vague de suicides emporte plus de 20 salariés en moins de deux ans.

Les suicides se multiplient à la rentrée mais le silence subsiste plusieurs semaines du côté de France Télécom. Le P-DG tarde à prendre la parole.

"Il a été totalement ébranlé par les événements", dit-on de source proche du dirigeant.

Lorsque Didier Lombard s'adresse enfin à ses salariés, lors d'un discours le 15 septembre, il parle de "mode des suicides", s'attirant de vives critiques de la part des syndicats.

La crise sociale bat donc son plein quand le P-DG effectue son premier retour sur le terrain, fin septembre, et Didier Lombard est hué lorsqu'il se rend sur un site du groupe en Haute-Savoie fin septembre après un 23e suicide d'employé.

Cette visite, jugée trop tardive, ne paraît de surcroît pas crédible, diront des salariés, indiquant n'avoir jamais vu le patron sur le terrain auparavant.

"Didier Lombard reste à Paris, moi je suis à Lyon", résume l'un d'entre eux.

Le P-DG a animé pour la dernière fois la réunion annuelle des résultats du groupe le 25 février dans la matinée.

Edité par Dominique Rodriguez