La société n’est pourtant pas à ses premières difficultés. En effet, Nintendo est coutumier des « profit warnings ». Pour l’exercice récemment clos, il en ressort ainsi un chiffre d’affaires en baisse de 8% à 504 milliards de yens (4 milliards d’euros) et un bénéfice net en chute de 60.6% à 16.5 milliards de yens (131 millions d’euros). Rapporté à ses publications sur les dix dernières années, Nintendo peine définitivement à rassurer notamment après la série de huit mauvaises publications d’affilée, soit deux exercices complets en 2010 et 2011 (voir graphique ci-dessous).



Publication des résultats de Nintendo au cours des 10 derniers exercices (carrés rouges pour les publications décevantes et carrés verts pour les publications au-dessus du consensus).


Le virage raté des consoles « next Gen »
Sa console appelée WII U n’a jamais véritablement trouvé son public. Vendu à 12.6 millions d’exemplaires entre fin 2012 et fin 2015, Nintendo prévoit de vendre 800.000 Wii U pour cet exercice contre 3.26 millions en 2015. Plus parlant encore, le pionnier japonais des jeux vidéo s’est résigné à cesser de produire cette console de salon moins de quatre ans après le lancement de ce produit boudé par les joueurs. A titre de comparaison, Microsoft vient également d’annoncer l’arrêt de la production de sa console de salon, non pas la dernière mais l’ancienne génération de console (Xbox 360) sortie… il y a plus de dix ans. En la matière, les acteurs du secteur ont pris l’habitude d’attendre la sortie d’une nouvelle console avant de retirer l’ancienne.

Nintendo a été fortement concurrencé par ses adversaires historiques que sont la Xbox One de Microsoft et la Playstation 4 de Sony, des consoles beaucoup plus puissantes et innovantes. La console de salon de Nintendo a dû faire face de surcroît à un concurrent nouveau : les smartphones dont la puissance permet aujourd’hui de profiter de jeux à coûts réduits et qui captent « du temps de jeu » de plus en plus conséquent.


En manque d’innovation, la réorientation de sa gamme de produit s’impose:

Pour ne pas rater le train des jeux vidéo sur mobile, Nintendo a annoncé lors de l’exercice précédent son intention d’entrer sur ce marché. La société compte désormais doper ses profits pour les prochains exercices grâce aux jeux sur smartphones. Cette dernière espère viser une progression de près de 27% de son résultat opérationnel sur l’exercice en cours grâce à cette stratégie. 


Une compagnie à la peine comparée à son secteur



Graphique de l’évolution du cours de Nintendo par rapport à l’indice EEFund Video Game Tech Index



L’indice EEFund Video Game Tech Index est un indice dédié au secteur des jeux video et du multimédia au sens large, lancé il y a plus de dix ans. Il se compose des plus grosses capitalisations mondiales du domaine. Il y a près de 36 valeurs :
-          Les mastondontes du hardware comme Apple, Microsoft (Xbox), Intel, Sony (Playstation) ou encore Nvidia.
-          Les fournisseurs de software comme les américains Electronic Arts, Activision Blizzard, les japonais Konami, Bandai Namco, Capcom, le chinois Netease ou encore les français Ubisoft et Gameloft.

Dans ce panel, Nintendo ressort comme la 7ème capitalisation de l’indice et la 1ère des valeurs japonaises à près de 18.6 milliards d’euros. Début 2007, la marque de jeux vidéo nippone est à son apogée avec un cours à plus de 71000 yens. Fin avril 2016, le cours a été divisé par plus de 4 à 16500 yens.

Graphiquement le constat est clair, Nintendo sous performe très largement son indice de référence, le titre japonais ne redécolle pas depuis près de 6ans après avoir connu son apogée fin 2007. L’indice de « l’electronic entertainment » vient d’ailleurs de franchir ces dernières semaines ses plus hauts historiques de 2007, bien aidé par la progression marquée de l’une des valeurs moteurs de cet indice : Apple (+971% en dix ans).


Fondamentalement, plusieurs points négatifs sont à noter :

-          La visibilité de l’activité est médiocre, comme l’atteste la divergence importante des estimations des analystes couvrant la valeur. D’autre part, le groupe a pris la mauvaise habitude de publier sous les attentes du consensus.
-          Traditionnellement, la société nippone est également  peu généreuse dans sa politique de distribution de dividendes.
-          Enfin, durant les derniers mois, les analystes ont revu régulièrement à la baisse leurs anticipations de bénéfices.





Le devenir de la société

La compagnie nippone mise désormais principalement sur la réussite du lancement de sa nouvelle console baptisée « NX » (nom temporaire). L’annonce de cette console avec les jeux phares qui ont fait le succès et les belles heures de Nintendo (Mario, Zelda…) a été faite ce mercredi 27 avril à l’occasion de la publication de ses résultats annuels. Avec ce produit d’appel, Nintendo s’attend à un chiffre d’affaires de près de 600 milliards de yen (+20% estimé) et un gain d’exploitation de l’ordre de 45 milliards de yens. Nintendo table même sur une multiplication par deux de son bénéfice net annuel pour 2016-2017 à 42 milliards de yens.

... Dossier à suivre !