par Tiffany Wu et Tarmo Virki

L'appétit des consommateurs pour les produits dernier cri dans les domaines informatique, électronique ou encore celui de la téléphonie mobile s'est réduit à la portion congrue, à mesure que la crise financière née aux Etats-Unis en juillet 2007 s'est transformée en crise économique mondiale, plongeant nombre de pays développés dans une sévère récession.

"Après l'immobilier et l'automobile, c'est au tour de l'électronique grand public de plonger dans le rouge", a déclaré Neil Mawston, analyste chez Strategy Analytics.

"Les consommateurs ont d'abord réduit des postes importants comme l'automobile et, maintenant, ils commencent à reporter à des jours meilleurs des achats moins conséquents tels qu'un téléphone portable", a-t-il ajouté.

Nokia, premier fabricant mondial de téléphones portables a annoncé en début de journée une baisse plus marquée que prévu de son bénéfice au quatrième, tout en avertissant que, avec une baisse de 10% des volumes attendue au cours des 12 prochains mois, 2009 s'annonçait comme la pire année de l'histoire des combinés mobiles.

Juste avant l'ouverture de Wall Street, Microsoft a également publié des résultats inférieurs aux attentes, tout en annonçant la suppression de 5.000 emplois et l'abandon de prévisions chiffrées pour le reste de l'année.

Après la clôture de Tokyo, Sony a déclaré que sa perte d'exploitation sur l'exercice 2008-2009 devrait avoisiner 260 milliards de yens (2,2 milliards d'euros), tout en détaillant un plan de réorganisation de la production de téléviseurs au Japon.

CHUTE DES TITRES EN BOURSE

L'ensemble de ces annonces a lourdement pesé sur l'ensemble du compartiment technologique, l'indice sectoriel européen, avec un recul de 3,30% accusant la deuxième plus mauvaise performance derrière l'indice automobile.

A Helsinki, Nokia a terminé en baisse de 9,09% à 9,30 euros. Vers 17h40 GMT, Microsoft chutait de 10,58% à 17,33 dollars, tombant à un plus bas de 11 ans. Les certificats Sony cotés aux Etats-Unis perdent de leur côté 15,85% à 19,00 dollars.

Les contreperformances de ces trois mastodontes contrastent avec la publication, par IBM mardi et par Apple mercredi, de résultats et de prévisions supérieures aux attentes.

Commentant les performances du groupe, le directeur général de Microsoft Steve Ballmer a estimé que l'économie traversait une crise que l'on ne rencontre "qu'une fois dans une vie", ajoutant qu'il y avait un réajustement de la consommation à un niveau plus bas.

Il a souligné ne pas s'attendre à un rebond rapide de l'économie et a dit que le groupe était prêt à reprendre les discussions avec Yahoo en vue d'un partenariat.

Le numéro un mondial des logiciels a expliqué le recul de son bénéfice net par la faiblesse du marché des micro-ordinateurs - où Microsoft a d'ailleurs cédé du terrain face à Apple - et par la vogue des 'netbooks', des ordinateurs portables à bas coûts.

"Les conditions de marché sont bien plus difficiles que ce que l'on pouvait redouter", a déclaré Richard Williams, analyste chez Cross Research, au sujet de Microsoft.

"Le groupe a annoncé une réduction d'effectifs significative. A mon avis, c'est la première fois que le groupe va procéder à des suppressions de postes d'une telle ampleur. C'est un signe que les temps sont définitivement en train de changer", a-t-il poursuivi.

Nokia, qui a vu la rentabilité de sa division mobiles être divisée par deux au quatrième trimestre 2008 pour tomber au plus bas niveau depuis dix ans, a également annoncé des mesures de réduction des coûts, l'objectif étant de les baisser de 700 millions d'euros par an.

Un des principaux rivaux de Nokia, le sud-coréen LG Electronics, également présent, comme Sony, sur le segment des téléviseurs à écran plat, a pour sa part fait état d'une perte nette record au titre de son quatrième trimestre.

La perte prévisionnelle de 260 milliards de yens annoncée par Sony pour l'exercice qui se terminera le 31 mars 2009 est beaucoup plus importante que les 100 milliards anticipés par la presse japonaise.

En plus de la conjoncture économique mondiale déprimée, Sony, qui réalise les deux tiers de son chiffre d'affaires en dehors du Japon, doit également faire face à la vigueur du yen, évolution qui nuit aux exportations.

"Sony doit trouver le moyen de réduire ses coûts fixes non seulement dans la fabrication de téléviseurs mais dans toutes ses activités", a déclaré Eiichi Katayama, analyste chez Nomura Securities.

En décembre, le groupe a annoncé son intention de supprimer 16.000 emplois à travers le monde, de freiner les investissements et de réduire ses coûts de 1,1 milliard de dollars par an.

Version française Benoit Van Overstraeten