par Pascale Denis

Pressé de questions sur les intentions de LVMH, entré au capital d'Hermès à la surprise générale en octobre dernier et dont il détient aujourd'hui 20%, le PDG du géant mondial du luxe s'est une nouvelle fois voulu rassurant.

"Nous sommes un actionnaire pacifiste (...), ce qui ne veut pas dire passif", a dit Bernard Arnault lors d'une conférence consacrée aux résultats annuels du groupe, tout en ajoutant : "Nous ne serons jamais un actionnaire activiste (...). Ne comptez pas sur nous pour être agressifs en quoi que ce soit."

Il a précisé que le niveau de la participation de LVMH était toujours de 20% et que le groupe n'avait pas racheté d'actions depuis ses dernières déclarations de franchissement de seuil.

Bernard Arnault a également dit souhaiter le dialogue avec les actionnaires familiaux et les dirigeants d'Hermès.

Toujours perçue comme hostile, l'irruption de LVMH au capital d'Hermès a provoqué la riposte des héritiers du sellier, qui entendent réunir 50% du capital du groupe dans une holding non cotée.

"Nous pouvons établir, si les conditions s'améliorent, des relations constructives avec la famille et les dirigeants dans lesquelles, tout en restant en dehors de la gestion (...), nous pouvons apporter un certain nombre d'avantages au niveau stratégique et opérationnel, si elle le souhaite", a-t-il ajouté.

PAS D'INCOMPATIBILITÉS DE CULTURE

Semblant adopter un ton plus conciliant à l'égard du géant mondial du luxe, le gérant d'Hermès, Patrick Thomas, a déclaré dans une interview à Challenges parue jeudi que LVMH "peut être un actionnaire d'Hermès sans vouloir en prendre le contrôle", ajoutant cependant "20% et plus, c'est trop".

Interrogé sur de possibles incompatibilités de culture entre un groupe familial qui revendique un artisanat de luxe et un géant mondial diversifié dans la maroquinerie, les vins & spiritueux, la mode, les cosmétiques, l'horlogerie et la bijouterie, Bernard Arnault a plaidé pour le respect de la diversité de chacun, au plus haut niveau.

"Je pense que LVMH peut être le garant à long terme du respect de la culture d'une marque comme Hermès (...). Que l'on préfère Proust ou Stendhal, l'un et l'autre sont des grands talents (...) Nous, nous positionnons plutôt comme (les éditions de) la Pléiade. Nous ne nous intéressons qu'aux bons auteurs", a souligné Bernard Arnault.

Il a rappelé que "contrairement au désastre annoncé" lors du rachat du célèbre Château d'Yquem, en tandem avec le financier belge Albert Frère, "rien de tout cela ne s'est passé. La qualité des produits s'est améliorée et ce vin reste le plus mythique de la planète".

Il a reconnu que la prise de participation dans Hermès a pu "avoir surpris" (LVMH a acquis des produits financiers de type equity swaps lui ayant permis de ne pas déclarer de franchissement de seuil), tout en disant avoir été "surpris lui-même de se retrouver actionnaire", invoquant la complexité des opérations réalisées par les banques d'investissement.

Edité par Cyril Altmeyer